EN 1977, l'OMS a défini le seuil des naissances à terme dépassé à 41 semaines révolues d'aménorrhée, à partir du premier jour des dernières règles. En se fondant sur cette définition, on a comptabilisé qu'une naissance à terme dépassé se produit dans 4,4 à 14,9 % du total des naissances, selon les études.
En comparant avec les naissances à terme (entre 37 et 41 semaines d'aménorrhée), les naissances post-terme sont associées à une augmentation de la mortalité et de la morbidité périnatales, qui se traduisent souvent par des décès in utero.
A partir de ces données, des recommandations pour déclencher le travail à la 41e semaine de gestation ont été formulées. On veut éviter que le foetus ne devienne trop grand pour son placenta. Mais il existe un certain nombre d'imprécisions. La naissance post-terme ne signifie pas forcément « postmaturité » de l'enfant.
La définition de l'OMS qui s'appuie sur la date des règles est peu précise, et tous les enfants ne suivent pas le même rythme de maturation. Enfin, on s'est fondé sur des résultats d'études menées surtout chez des femmes blanches d'origine caucasienne. Qu'en est-il pour les autres ?
Des facteurs génétiques.
L'équipe britannique d'Imelda Balchin (Londres) s'est intéressée aux disparités des risques périnatals en fonction des origines ethniques. Ils ont remarqué que dans les maternités du nord-ouest de Londres, où viennent accoucher des femmes de l'Asie du Sud et des femmes noires, la durée moyenne de la gestation est de 38,8 semaines. On sait que des facteurs génétiques influent sur la durée de la gestation.
Les auteurs ont voulu déterminer le risque de mortalité périnatale et de morts-nés avant l'accouchement dans le cadre des grossesses à terme dépassé chez les femmes originaires du Sud asiatique et chez les femmes noires qu'ils voient dans les maternités de leur secteur. Ils ont aussi voulu savoir si les facteurs de risque de mortalité avant la naissance sont différents entre ces groupes et les femmes d'origine caucasienne.
Quinze maternités au nord-ouest de Londres ont été incluses. L'étude a été conduite entre 1988 et 2000, chez un total de 197 061 participantes, nullipares à l'inclusion.
Hématome rétroplacentaire ou décollement.
Les résultats sont en faveur de l'influence de facteurs génétiques, mais aussi de facteurs sociaux.
Ils montrent que le risque de mortalité périnatale tend à augmenter aux phases précoces de la gestation chez des femmes originaires d'Asie du Sud, mais non chez les femmes blanches. Chez ces dernières, les facteurs les plus importants associés à un risque de donner naissance à un enfant mort-né sont l'hématome rétroplacentaire ou le décollement du placenta. Tandis que chez les Asiatiques ou chez les Noires, c'est un retard de croissance foetal (poids de naissance < 2 000 g.)
Le taux de mortalité périnatale chez les Noires est plus bas que chez les Blanches avant 32 semaines de gestation, mais il le dépasse par la suite. La mortalité périnatale est la plus forte chez les Asiatiques du Sud, à tous les stades gestationnels. Ce risque s'accroît plus vite chez les Asiatiques au moment où le terme approche, puis quand il est dépassé.
Après ajustement pour des facteurs de mortinatalité (hématome rétroplacentaire, anomalies congénitales, faible poids de naissance, présence de méconium, fièvre, IMC ≥ 30 et âge maternel supérieur à 30 ans), il n'y a plus d'excès de mortalité chez les femmes noires après 32 semaines. En revanche, les femmes de l'Asie du Sud continuent à présenter un excès de risque de donner naissance à un mort-né, avec un odds ratio de 1,8.
« British Medical Journal », édition avancée en ligne.
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