«LA DEUXIEME Conférence de Paris sur les hépatites virales a réuni des spécialistes européens et nord-américains, mais aussi des médecins de nombreux pays qui ont peu l'occasion d'assister aux grands congrès internationaux», explique l'organisateur, le Pr Patrick Marcellin. Sept cent cinquante médecins de 73 pays de tous les continents se sont ainsi réunis pour prendre connaissance des progrès les plus récents dans la prise en charge des patients atteints d'hépatite virale chronique. «A l'origine, l'idée de cette réunion internationale était d'offrir une passerelle pour transmettre les données scientifiques les plus récentes, présentées par les experts les plus pointus, aux praticiens de terrain, et de les adapter à la prise en charge des patients en fonction des moyens de chaque pays et des particularités épidémiologiques, poursuit le Pr Marcellin. C'est bien de parler des nouveaux tests diagnostiques, de trithérapie dans l'hépatiteC ou des nouveaux médicaments de l'hépatiteB, mais les pays où il y a le plus de malades n'ont pas accès à ces nouvelles techniques, ni à ces nouveaux médicaments.»
Gérer les ressources disponibles.
Même si l'objectif est, bien entendu, de favoriser l'accès à toutes les avancées scientifiques pour tous les malades, il est néanmoins bien utile de réfléchir à la meilleure façon de gérer les ressources disponibles. Dans bon nombre de pays, la lamivudine est le seul médicament disponible pour traiter l'hépatite chronique B. Afin de limiter l'apparition de résistance (raison pour laquelle cette molécule n'est plus guère prescrite dans notre pays), il faut l'utiliser au mieux, c'est-à-dire cibler les bons patients, mettre en route le traitement plus tard, éviter de le donner à des malades ayant une charge virale trop élevée… En Chine, par exemple, la lamivudine a été prescrite larga manu, et les médecins n'ont rien pour lutter contre les virus résistants qui se sont propagés rapidement dans toute la population.
Le génotypage des virus, qui est maintenant largement disponible dans la plupart des régions du monde, permet aussi d'adapter les traitements aux données épidémiologiques régionales et d'« économiser » les antiviraux. En Inde, le génotype 3 du VHC est très largement prépondérant, des traitements très courts, de douze semaines, au lieu des vingt-quatre semaines recommandées en Europe, se sont révélés efficaces. Ils permettent de guérir les trois quarts des patients. Pour les experts, compte tenu du grand nombre de malades et de ressources limitées, il vaut mieux traiter deux fois plus de sujets avec un traitement court que d'augmenter quelque peu le taux de guérison en offrant le traitement à deux fois moins de malades.
Des particularités épidémiologiques.
En Egypte, on trouve presque exclusivement le génotype 4 ; au Maghreb, en revanche, le génotype 1 domine nettement. Il faut donc prendre en compte ces particularités épidémiologiques pour affiner les stratégies thérapeutiques. C'est pourquoi, au cours de la conférence de Paris, à côté des exposés en séance plénière, des tables rondes régionales ont été organisées, avec la participation d'experts internationaux, pour répondre – avec un traducteur, si nécessaire – aux questions des médecins des différentes zones géographiques, afin d'améliorer la prise en charge de leurs patients en adaptant au mieux les progrès scientifiques à leur pratique.
D'après un entretien avec le Pr Patrick Marcellin, hôpital Beaujon, Clichy.
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