LA PEAU humaine abrite un écosystème microbien complexe, comportant des résidents à court et à long terme.
«Notre connaissance du biota* de la peau humaine est très limitée », font remarquer Zhan Gao et coll. (du département de médecine de l’environnement, université de médecine, New York). Les chercheurs se sont intéressés à la peau de six sujets en bonne santé, trois hommes et trois femmes. Et se sont aidés d’un outil puissant de biologie moléculaire, appliquant la PCR à l’ADN ribosomal fraction 16S (un gène conservé), avec lequel ils ont examiné des clones choisis au hasard à partir de prélèvements faits sur les avant-bras. Ils ont ensuite réitéré l’examen huit à dix mois après. Le travail a pris au total trois ans.
Une sorte de zoo.
Il a fait apparaître que «la peau, le plus vaste organe du corps humain, est une sorte de zoo dont les habitants nous semblent nouveaux». Les biologistes ont en effet mis en évidence 182 espèces (ou SLOTU, species-level taxonomic units) de bactéries dans les échantillons de peau. Parmi celles-ci, 8 % sont de nouvelles espèces jamais décrites auparavant. «En comparant les ADN ribosomaux détectés à ce qui est enregistré dans des banques de données, on détecte les espècesnon identifiées.»
Plus de la moitié (54,4 %) des bactéries identifiées représentent les genres considérés depuis longtemps comme des résidents permanents de la peau : Propionibacterium, Corynebacteria, Staphylococcus et Streptococcus. Et quatre types de bactéries sont présents chez tout le monde : Propionibacterium acnes, Corynebacterium tuberculostearicum, Streptococcus mitis et Finogoldia AB109769.
Mais, pour le reste, il existe des différences considérables d’un individu à l’autre.
Pour 71,4 % du total, la composition du biota est unique pour chaque individu. Certaines bactéries – Propionibacterium granulosum, Corynebacterium singulare et Corynebacterium appen- dixes – ne sont trouvées que chez les sujets de sexe masculin, sans que l’on puisse en tirer des conclusions à partir d’un échantillon aussi réduit. Il est vraisemblable que les populations se modifient en fonction de l’état de santé ou non, de la façon dont on vit et même de l’endroit où l’on vit. Cette étude participe à un effort encore méconnu d’étude de l’écologie du corps humain, remarquent les auteurs.
Les cellules les plus nombreuses du corps sont assurément les bactéries, qui sont dix fois plus nombreuses que les cellules.
« Proc Natl Acad Sci USA » publié sur le site.
* Biota : ensemble des êtres vivants d’une région (ou d’une période géologique), dictionnaire médical Masson.
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