IL N’EXISTE pour l’instant aucun test biologique permettant une détection précoce de la maladie de Parkinson. La maladie n’est généralement diagnostiquée qu’assez tard, lorsque 70 % des neurones dopaminergiques vulnérables ont été détruits et qu’apparaissent les premiers tremblements et l’akinésie. De ce fait, le développement de stratégies visant à prévenir la maladie ou à ralentir sa progression chez les individus à risque n’a actuellement pas lieu d’être : on ne saurait ni quand ni à qui appliquer de tels traitements. Cependant, les travaux de Scherzer et coll. pourraient changer la donne : cette équipe de recherche américaine vient en effet de démontrer qu’il existe dans le sang périphérique des marqueurs biologiques qui informent sur le risque de développer la maladie neurodégénérative.
Des puces à ADN.
Les chercheurs ont fondé leurs travaux sur l’utilisation de puces à ADN, permettant d’étudier simultanément le niveau d’expression d’un grand nombre de gènes. Ils les ont utilisées pour étudier des échantillons sanguins prélevés à des individus atteints par la maladie de Parkinson.
Dans un premier temps, Scherzer et coll. ont procédé à la comparaison du transcriptome de 31 patients à un stade le plus précoce possible de la maladie de Parkinson à celui de 17 témoins sains et de 18 témoins souffrant de la maladie d’Alzheimer ou de paralysie progressive supranucléaire. Cette première expérience les a conduits à mettre en évidence une combinaison de huit gènes dont le niveau d’expression permet de calculer un score corrélé au risque de développer la maladie de Parkinson. Dans la cohorte qui a servi à la mise au point de ce système d’évaluation du risque, vingt des vingt-deux sujets ayant un score élevé étaient effectivement atteints de maladie de Parkinson et vingt et un des vingt-deux ayant un score bas appartenaient aux groupes témoins.
L’expression de huit gènes.
La méthode a ensuite été validée sur une seconde cohorte comprenant 19 patients et 20 témoins. Ce deuxième essai a confirmé que la mesure de l’expression de huit gènes suffisait à évaluer le risque individuel de maladie de Parkinson : l’obtention d’un score élevé multiplie par un facteur cinq le risque de développer la maladie, celle d’un score moyen par un facteur deux. Parmi les huit gènes analysés pour ce test, deux codent pour des protéines dont la fonction pourrrait être impliquée dans la physiopathologie de la maladie de Parkinson : les gènes VDR (gène du récepteur à la vitamine D) et HIP2 (codant pour protéine qui interagit avec l’huntingtine).
Scherzer et coll. ont, par ailleurs, identifié 22 gènes dont le niveau d’expression est significativement altéré chez les patients atteints par la maladie de Parkinson. Parmi eux, le gène ST13 est celui qui est le plus sous-exprimé par rapport aux témoins. ST13 code pour une protéine qui interagit avec la protéine chaperonne HSP70 dans la voie de dégradation par le système ubiquitine-protéasome.
D’après les résultats d’une expérience préliminaire réalisée dans un groupe de volontaires comprenant 17 patients et 17 témoins, la quantification des ARN messagers de ST13 à partir de sang périphérique pourrait suffire à l’identification des individus atteints par la maladie de Parkinson. D’autres gènes, en particulier BCL11B (impliqués dans l’apoptose) ou LRPPRC (un gène mitochondrial) montrent également des différences d’expression significatives.
A vérifier.
L’ensemble de ces résultats suggère qu’il devrait être possible d’établir des diagnostics précoces de la maladie de Parkinson grâce à la recherche de biomarqueurs présents dans le sang périphérique. La valeur diagnostique des biomarqueurs identifiés par Scherzer et coll., leur efficacité et leur fiabilité devront toutefois être vérifiées au cours d’essais cliniques conduits sur de vastes cohortes multicentriques avant d’envisager la généralisation de ce genre de test sanguin.
C.R. Scherzer et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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