L'ETUDE donne des preuves solides en faveur d’une vaccination du personnel soignant dans les maisons de retraite médicalisées, même lorsque les résidants ont un taux élevé de vaccination. »
On sait que la réponse immunitaire au vaccin contre la grippe chez les personnes âgées (et particulièrement en cas de comorbidité) est réduite et la protection conférée n’est que de 50 à 70 %. Les résidants des maisons médicalisées ont donc une vulnérabilité particulière au virus influenza, même si la couverture vaccinale est bonne.
Dans beaucoup de pays, on incite les personnels de santé à procéder à cette vaccination chaque année. On a la preuve, en effet, que cette mesure est suffisante pour réduire l’incidence des grippes sérologiquement confirmées de près de 90 % dans cette population. On peut supposer aussi que, en bénéfice indirect, les soignants vaccinés contaminent moins les soignés.
Un nombre plus élevé de soignants.
Deux études randomisées et contrôlées ont montré que la vaccination contre la grippe des travailleurs de la santé réalisant des gardes de personnes âgées réduit la mortalité chez les patients (études écossaises). Mais il convenait de réaliser une étude moins critiquable. Andrew Hayward et coll.* s’y sont attelés, en incluant un nombre plus élevé de soignants.
«Pour surmonter les limitations méthodologiques des études antérieures, nous avons randomisé un grand nombre d’unités en les équilibrant sur les caractéristiques descriptives.Nous avons procédé à une randomisation par groupes en nous fondant sur chaque unité de soins, pour rechercher les effets indirects de la vaccination des soignants. Et nous avons comparé l’efficacité des interventions au cours de différentes périodes d’activité grippale dans la communauté.»
L’étude a porté sur une grande chaîne privée de maisons médicalisées au Royaume-Uni : 44 maisons, avec 1 703 soignants et 2 604 résidants.
L’intervention a consisté à offrir une vaccination au personnel soignant dans la moitié des maisons, soit 22 maisons contre 22 contrôles, pendant les hivers 2003-2004 et 2004-2005.
En 2003-2004, la couverture vaccinale de l’intervention dans les maisons a été de 48,2 % contre 5,9 % dans les contrôles.
Réduction significative de la mortalité des résidants.
Au cours de la période d’activité grippale de 2003-2004, on constate une réduction significative de la mortalité des résidants des maisons d’intervention comparativement aux témoins (moins 5 %) et aussi des taux de syndromes grippaux (p = 0,004), comme des consultations en médecine générale pour syndromes grippaux (p = 0,008), ainsi que des admissions hospitalières pour des syndromes grippaux (p = 0,009). On remarque que ces résultats sont obtenus alors que la couverture vaccinale des résidants est élevée (de 70 à 80 % des personnes).
En 2004-2005, les chiffres de taux de couverture vaccinale chez le personnel soignant sont de 43,2 et de 3,5 %. Le taux national de grippe en 2004-2005 a été substantiellement inférieur à la moyenne des autres années. Il n’y a pas de différences entre l’hiver et les périodes sans grippe pour ce qui est des résultats.
«La réduction obtenue au cours de l’année 2003-2004, année d’activité grippale modérée, correspond à la prévention de 5décès, 2admissions à l’hôpital, 7consultations en médecine générale et 9cas de syndromes grippaux pour 100résidants au cours de la période d’activité grippale.»
Il est souvent difficile d’obtenir un taux de vaccination élevé chez les soignants, souvent peu motivés et peu au courant d’un effet bénéfique indirect sur la population dont ils s’occupent.
* « British Medical Journal », édition avancée en ligne.
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