L’EXERCICE PHYSIQUE et l’adoption d’un régime alimentaire qui contribue à diminuer la masse grasse de l’organisme pourraient permettre une réduction significative du risque de tumeurs cutanées induites par les rayonnements UVB. Les résultats d’une nouvelle étude américaine, conduite dans le modèle expérimental de la souris, suggèrent en effet que les adipocytes sécrètent des substances qui favorisent le développement de cancers de la peau liés à l’exposition aux UVB en inhibant l’apoptose des cellules dont le matériel génétique a été endommagé par les rayonnements lumineux.
Lors de précédents travaux, Lu et coll. avaient observé que, chez la souris, l’exercice physique volontaire entraînait une diminution de la masse grasse ainsi qu’une inhibition de la carcinogenèse induite par les UVB. L’étude avait révélé l’existence d’un lien significatif entre l’importance de la masse grasse des animaux et le nombre de tumeurs cutanées qu’ils développaient en réponse à une exposition aux UVB. Les chercheurs ont décidé de poursuivre ce travail afin d’identifier le mécanisme à l’origine de cette association.
La régulation de l’apoptose.
Lorsque des cellules sont endommagées par les UVB, elles sont le plus souvent éliminées par apoptose. Ce mécanisme permet à l’organisme de se débarrasser des cellules potentiellement devenues cancérigènes à la suite de lésions de leur ADN. Tout phénomène s’opposant à ce système de protection de l’organisme est donc susceptible d’augmenter le risque de cancer. Lu et coll. ont imaginé que le lien entre activité physique, masse grasse et cancer pouvait avoir une origine dans les mécanismes de régulation de l’apoptose.
Pour tester cette hypothèse, les chercheurs ont tout d’abord mesuré l’apoptose induite par les UVB chez des souris pratiquant un exercice physique régulier et chez des souris témoins, inactives. Il est apparu que les souris placées dans des cages équipées d’une roue perdent rapidement de la masse grasse : en deux semaines, le poids de leurs bourrelets graisseux paramétriaux est diminué de 62 % et l’épaisseur de leur couche de graisse cutanée est réduite de 42 % par rapport aux souris témoins. Ce phénomène s’accompagne d’une augmentation de 120 % de l’apoptose induite par les UVB au niveau des cellules de l’épiderme.
Lipectomie partielle.
Lors d’une seconde série d’expériences, Lu et coll. ont pratiqué une lipectomie partielle (ablation des bourrelets graisseux paramétriaux) sur une série de souris inactives, puis ils ont exposé ces animaux aux UVB. Là encore, par comparaison avec des animaux témoins, les chercheurs ont observé une élévation de l’activité apoptotique UVB induite (+ 107 %) chez les animaux de masse grasse réduite.
Dans les deux cas, l’effet de la perte de masse grasse sur l’augmentation de l’activité apoptotique est dépendant de l’exposition aux UVB, mais est indépendant de l’activité de la protéine suppresseur de tumeur p53.
Les mécanismes moléculaires à l’origine de ce phénomène doivent être précisés, mais les résultats de Lu et coll. suggèrent que les adipocytes doivent libérer des substances antiapoptotiques. La disparition de ces cellules, induite par l’exercice physique ou par chirurgie, permettrait la désinhibition de ce mécanisme de protection de l’organisme et diminuerait ainsi le risque de cancer cutané.
Lu YP et coll. « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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