GERME potentiellement dangereux, Streptococcus pneumoniae est très répandu dans le nez et la gorge de pratiquement tous les enfants à un moment ou à un autre de l’année. Il se transmet facilement d’un enfant à l’autre et atteint son maximum de fréquence à l’âge préscolaire. La plupart du temps, le pneumocoque n’entraîne ni infection ni symptôme ; malheureusement, il peut également être responsable d’infections invasives graves, comme la méningite ou encore une pneumonie.
Les méninges sont la localisation la plus redoutée des infections à pneumocoque. Chaque année, en France, on compte un peu plus de 500 méningites à pneumocoque dans la population générale et on estime à 200 le nombre de cas de méningites chez l’enfant de moins de 18 ans. Avoir moins de 2 ans est le facteur essentiel identifié comme étant un risque de faire une infection invasive à pneumocoque de l’enfant. Chez les enfants, 70 % des cas surviennent avant 2 ans et, si l’on observe les cas dénombrés avant 12 mois, on voit que le pic d’incidence survient entre 4 et 6 mois.
Risque de décès et de séquelles.
La méningite à pneumocoque peut être mortelle dans 11 % des cas et responsable de séquelles dans 30 % des cas. Ces séquelles auront un retentissement définitif sur la vie de l’enfant car ces handicaps sont d’autant plus difficiles à surmonter qu’ils surviennent à l’âge des acquisitions. La méningite à pneumocoque tue un enfant toutes les trois semaines et laisse un enfant par semaine avec des séquelles sévères. A cela s’ajoute le problème de la résistance du pneumocoque à la pénicilline (antibiotique de référence), de plus en plus préoccupant. C’est dans ce sens que le Conseil supérieur d’hygiène publique de France (Cshpf) vient d’étendre les recommandations du vaccin pneumococcique heptavalent conjugué. Désormais, le nouveau calendrier vaccinal français publié le 18 juillet 2006 recommande ce vaccin pour tous les enfants de moins de 2 ans, dès 2 mois.
L’efficacité de Prevenar contre les infections à pneumocoque (sérotypes vaccinaux) de l’enfant et sa bonne tolérance ont été démontrées à travers le monde lors d’études cliniques incluant plusieurs dizaines de milliers d’enfants. Il a ainsi été constaté que Prevenar diminue de 97,4 % les risques pour le tout-petit (lorsqu’il est complètement vacciné) de contracter une infection invasive causée par les sérotypes de pneumocoque contenus dans le vaccin.
Les résultats obtenus aux Etats-Unis.
L’impact de la vaccination par Prevenar, analysé entre 1997 et 2004 aux Etats-Unis, révèle une forte baisse de l’incidence des infections invasives à pneumocoque chez les moins de 2 ans depuis que Prevenar a été recommandé pour tous les enfants (en 2000). Au total, une diminution de 94 % des infections invasives à pneumocoque a été observée chez les moins de 5 ans.
En outre, Prevenar a également un impact sur les infections invasives à pneumocoque des adultes non vaccinés. En effet, Prevenar présente trois types d’avantages spécifiques : il permet une immunisation dès le plus jeune âge (à partir de 2 mois), il induit une mémoire immunitaire indispensable pour une protection à long terme, enfin, il diminue le portage dans le nasopharynx des sérotypes vaccinaux qui sont parmi les sérotypes de pneumocoque les plus invasifs. En vaccinant avec Prevenar, on diminue chez les enfants vaccinés le portage des sérotypes inclus. Ces enfants transmettent donc moins de pneumocoques à leur entourage (parents et grands-parents). Cet effet, dit indirect, de la vaccination a permis d’observer une diminution significative des infections invasives à pneumocoque dans les tranches d’âge non vaccinées des 20-39 ans et des personnes de plus de 60 ans. Au total, depuis la généralisation de la vaccination en 2000 aux Etats-Unis, ce sont plus de 20 000 cas d’infections invasives à pneumocoque qui ont été évités parmi la population non vaccinée en 2003.
Les souches résistantes aux antibiotiques.
Enfin, les sept sérotypes de pneumocoque contenus dans Prevenar couvrant plus de 80 % des souches résistantes aux antibiotiques, en vaccinant avec Prevenar, on diminue le portage des sérotypes vaccinaux et, donc, la circulation des pneumocoques résistants à la pénicilline dans la population. Aux Etats-Unis, depuis la mise en place de l’utilisation généralisée du vaccin, Prevenar a entraîné une diminution de la proportion de sérotypes invasifs résistant, à la pénicilline. Parmi les pays européens, la France présente l’une des plus fortes proportions de pneumocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline. Néanmoins, aujourd’hui, la résistance du pneumocoque à la pénicilline commence à diminuer. Selon le rapport de la Cnam, la vaccination par le vaccin pneumococcique heptavalent associée à un usage raisonné des antibiotiques aura un effet additif sur la baisse de la résistance aux antibiotiques.
A ce jour, en France, le taux de couverture vaccinale reste insuffisant (64 %, enquête TNS-Healthcare, mai 2006). Si l’on veut voir diminuer les infections invasives à pneumocoque, dont les méningites, et observer les bénéfices directs et indirects d’une vaccination généralisée, il faut suivre les recommandations officielles du calendrier vaccinal qui recommandent la vaccination pour tous les enfants de 2 mois à 2 ans, et donc accroître la couverture vaccinale de Prevenar, et respecter l’âge d’initiation et le schéma vaccinal recommandé, c’est-à-dire vacciner dès 2 mois ; faire trois injections à 2, 3 et 4 mois ; sans oublier le rappel, entre 12 et 15 mois.
D’après les communications des Prs A. Bourrillon et J. Gaudelus lors d’une conférence de presse organisée par Wyeth Vaccins.
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