Cancer de la prostate

La meilleure prévention consiste à doser régulièrement le PSA

Publié le 27/04/2006
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« LA PRÉVENTION doit désormais être envisagée pour réduire l’incidence du cancer de la prostate », a introduit le Dr Stéphane Droupy, urologue au CHU de Bicêtre au cours du MEDEC. En effet, près d’un tiers des hommes présenterait des foyers de néoplasie intraépithéliale entre 30 et 39 ans. Par la suite, 40 % de ces foyers évolueraient vers le cancer de la prostate.

« Ces lésions précancéreuses présentes dans l’organisme près de vingt ans avant l’apparition d’un cancer montrent bien que la carcinogenèse apparaît progressivement et lentement au cours de la vie», explique Stéphane Droupy.

Des études ont déjà prouvé que certaines substances naturelles ou synthétiques ralentissent le développement des cancers. C’est le cas des antioxydants présents dans les tomates (lycopènes), le soja, le thé vert (polyphénols), les céréales… ou le vin rouge !

D’autres études suggèrent que le sélénium et la vitamine E auraient une influence bénéfique. Une étude en cours a pour vocation d’évaluer ces deux molécules seules ou en association dans la prévention du cancer de la prostate.

L’étude PCPT a également mis en avant le rôle favorable du finastéride sur l’apparition du cancer de la prostate. Mais les tumeurs trouvées dans le groupe sous finastéride étaient à un stade plus avancé.

Le rôle de l’environnement.

Les pistes se multiplient mais le frein majeur à la prévention reste l’identification de facteurs de risque précis. L’environnement aurait des répercussions importantes sur l’incidence de ce cancer. Très peu d’hommes vivant en Asie en sont victimes ; seulement 5 à 10 cas/100 000 personnes contre 100 à 120 cas/100 000 personnes dans les populations afro-antillaises particulièrement touchées.

En revanche, au sein d’une population d’Asiatiques émigrés en Amérique du Nord, l’incidence du cancer de la prostate est la même que celle des autochtones.

Les antécédents familiaux augmenteraient également l’incidence de ce cancer et de fortes présomptions pèsent sur le tabac et l’obésité.

Pour le moment, aucune évidence scientifique ne peut pousser à prescrire une molécule précise à une population entière d’hommes, compte tenu des effets secondaires et du coût de ces molécules. La meilleure prévention consiste aujourd’hui à détecter la tumeur le plus tôt possible.

L’Association française d’urologie (AFU) milite pour un dosage de PSA chaque année chez les hommes âgés de 50 et 75 ans et pour recourir à une biopsie dès que le taux de PSA est supérieur ou égal à 4 ng/ml.

Le dosage doit être effectué dès 45 ans chez les patients à risque (antécédents familiaux ou homme d’origine afro-antillaise). «Plusieurs critères rendent pertinentes ces recommandations: la fréquence élevée de la maladie ce qui en fait un problème de santé publique, l’existence d’un test de dépistage fiable et l’existence de traitements efficaces au stade précoce de la maladie. Seul biais, la pertinence économique du dépistage de masse. Cette dimension est encore débattue», a clarifié Vincent Ravery, urologue à l’hôpital Bichat.

Des patients plus jeunes.

«En-tre 1995 et 2002, l’âge moyen de diagnostic du cancer est passé de 72 ans à 65 ans et la concentration de PSA au moment du diagnostic est passé de 18ng/ml à 7ng/ml. Les tumeurs sont donc détectées beaucoup plus précocement, améliorant significativement les chances de guérison des patients. Environ 25% des patients sont aujourd’hui détectés avec un taux de PSA entre 3 à 7ng/ml. Huit patients sur 10 guérissent de leur cancer à ce stade. Mais 65% des can-cers sont détectés alors que leur taux de PSA oscille entre 7 et 10ng/ml, les chances de guérison s’effondrent chez un patient sur deux.»

D’après une session parrainée par le Laboratoire MSD et présidée par le Pr Vincent Ravery, urologue à l’hôpital Bichat à Paris.

L’Ablatherm a le vent en poupe

De plus en plus de patients devraient bénéficier d’un traitement par ultrasons focalisés de haute intensité (Hifu) plus communément appelé Ablatherm, du nom de l’appareil mis au point par des équipes françaises. Cette technique est utilisée en routine depuis 2001 pour le traitement local en alternative à la chirurgie ou la radiothérapie.

Elle est pour le moment réservée aux patients âgés de plus de 70 ans présentant des tumeurs de petite taille et peu agressives et pour qui l’espérance de vie est estimée à plus de dix ans.

« En 1/100e s, un faisceau d’ultrasons atteint la température d’environ 90 °C et brûle la prostate sur une surface de la taille d’un grain de riz. La sonde est introduite par voie transrectale et l’opération réalisée sous contrôle échographique », explique le Pr Pierre Conort, urologue à Paris. La technique est longue car il faut renouveler l’opération jusque qu’à ce que toute la prostate ait été nécrosée : de 2 h 30 à 3 heures pour une glande de 25 à 30 ml.

La température élevée entraîne souvent un oedème qui obstrue le conduit urinaire, mais il se résorbe rapidement. La technique est globalement bien tolérée malgré quelques incontinences temporaires. Environ 40 à 50 % des patients conservent une érection suite à l’opération.

> AUDE RAMBAUD > A. R.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7950