Contraception de moyenne et longue durée

Les méthodes se diversifient

Publié le 19/02/2006
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LA CONTRACEPTION estroprogestative a vu le jour il y a cinquante ans. Depuis, le type d’hormones utilisées a évolué, tout comme leur posologie, aujourd’hui bien moindre qu’il y a quelques décennies. En sélectionnant des progestatifs de plus en plus antigonadotropes et de moins en moins androgéniques, on a pu diminuer les doses d’estrogènes, jusqu’à un palier de 15-20 mg/j. Ce qui a permis de réduire les risques d’accidents thromboemboliques veineux et artériels. Cependant, malgré l’amélioration de la contraception orale, le nombre d’interruptions volontaires de grossesse, environ 220 000 par an, n’a pas diminué ; et ce depuis des années. Ce qui semble paradoxal dans un pays où la contraception estroprogestative est la méthode contraceptive la plus utilisée ! Cependant, force est de constater que les femmes l’utilisent mal. D’où la nécessité de développer d’autres méthodes contraceptives de moyenne et de longue durée pour améliorer l’observance.

Les indications du dispositif intra-utérin (DIU), réservé jusqu’alors aux femmes ayant déjà des enfants, ont été élargies aux femmes plus jeunes, nullipares. Néanmoins, le DIU risque de rester une contraception marginale dans cette population, car les gynécologues sont réticents à la proposer à une femme jeune sans partenaire fixe. Donc, cette approche a un certain nombre de limites.

Nouveaux modes d’administration.

L’implant sous-cutané, efficace jusqu’à trois ans, a fait son apparition il y a quelques années. Il délivre une faible dose de progestatif en continu, d’où ses inconvénients potentiels : aménorrhée ou métrorragies. Son avantage est une excellente efficacité.

Pour les femmes qui restent attachées à l’existence d’un cycle, d’autres contraceptions estroprogestatives de moyenne durée ont été mises au point : le patch et l’anneau contraceptifs.

Le patch d’estroprogestatif à l’avantage de ne nécessiter qu’une application hebdomadaire, au lieu d’une prise quotidienne. Son inconvénient est qu’il se voit, ce que certaines femmes n’acceptent pas. En outre, le taux circulant d’hormones est supérieur à celui d’une pilule classique, d’où une tolérance légèrement moins bonne.

L’anneau vaginal, mis en place pour 21 jours, délivre une association estroprogestative aux doses les plus faibles qu’on ait pu obtenir : le taux circulant moyen d’éthinylestradiol est de 18 pg/ml contre 50 pour une pilule dosée à 30 µg et à 60 pour un patch. Il présente plusieurs avantages. Les spottings sont moins nombreux et le contrôle des cycles est meilleur. La voie vaginale évite les variations d’absorption liées à la voie orale et le système matriciel EVA (éthylène-vinyl-acétate) permet une libération contrôlée au taux le plus faible efficace. Enfin, le procédé retard délivre les hormones avec un taux stable pendant 21 jours. Ainsi, la tolérance est améliorée : diminution des saignements, diminution des doses avec, pour conséquence, moins de mastodynies.

La méthode « Quick Start » pour améliorer l’observance.

Une enquête récente a mis en évidence que de 20 à 30 % des femmes à qui un médecin prescrit une contraception estroprogestative ne l’achètent même pas ! Et, quand elles l’achètent, elles ne la prennent pas toujours ! L’un des grands problèmes de la contraception orale, c’est sa prise quotidienne. Pour éviter les échecs dus à une absence ou un oubli de pilule, une technique a été mise au point : la technique « Quick start ».

Elle consiste à prendre la contraception le jour de la consultation, quel que soit le moment du cycle. Cette approche peut être proposée aux femmes dont on sait qu’elles ne sont pas enceintes et à celles capables de comprendre que l’effet contraceptif n’apparaîtra qu’une semaine après. Pendant 7 jours, elles associent alors un autre moyen contraceptif non hormonal. L’intérêt est qu’elles peuvent tester ce nouveau procédé contraceptif, immédiatement après en avoir discuté avec leur médecin.

D’après un entretien avec le Dr Christian Jamin (Paris). Session « La contraception aujourd’hui : vers une diminution des doses et du nombre de prises », parrainée par le laboratoire Organon mercredi 15 mars, 16 heures-17 h 30. Pour s’inscrire : www.lemedec.com ou secretariat@lemedec .com. Renseignements : 0.800.204.408.

> Dr MATHILDE FERRY

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7902