LES RESULTATS extrêmement prometteurs d'un vaccin expérimental contre le zona ont été publiés en juin dernier dans le « New England Journal of Medicine ». L'étude, baptisée Shingles Prevention Study, conduite en double aveugle contre placebo chez sur 38 546 adultes de plus de 60 ans en bonne santé, avait pour objectif de tester les effets du vaccin vivant atténué Oka/Merck. Le critère principal d'évaluation était la sévérité de la maladie mesurée sur la survenue, l'importance, la durée de la douleur, et son retentissement fonctionnel. Le critère secondaire était l'incidence des névralgies postzostériennes. L[212]âge moyen des participants était de 69 ans. Le suivi a duré trois ans. Comme le souligne un éditorialiste de cette revue, les résultats sont impressionnants.
Réduction des douleurs et des névralgies postzostériennes.
Ils montrent lors de la survenue d'un zona dans cette étude une réduction de 61 % des douleurs et de leur retentissement (p < 0,001). L'incidence des névralgies postzostériennes est réduite de 66,5 % (p < 0,001). Une baisse importante de l'incidence de la maladie (51,3 %, p < 0,001) est également notée.
Les auteurs ont relevé 957 cas de zona : 315 chez les personnes vaccinées et 642 chez les receveurs de placebo. Ils ont compté 107 cas de névralgies postzostériennes : 27 dans le groupe des vaccinés et 80 dans le groupe placebo. L'efficacité du vaccin demeure significative, même après stratification selon l'âge et le sexe.
« Tout comme le vaccin vivant donné aux enfants pour la prévention de la varicelle, le vaccin vivant contre le zona se montre sûr et efficace. » Dans l'ensemble, le vaccin a été bien supporté. Des effets secondaires sérieux ou des décès sont à déplorer à égalité dans les deux groupes. La recherche d'ADN du virus vaccinal chez les personnes vaccinées a été négative.
M. Oxman et coll. (San Diego), investigateurs de l'étude, pensent que l'efficacité du vaccin témoigne de sa capacité à stimuler l'immunité cellulaire contre le VVZ.
L'immunité, qui tend à diminuer de manière naturelle au fil du temps, peut être stimulée par la survenue de la maladie, tout comme par l'immunisation vaccinale. Ainsi, on constate que le nombre de lymphocytes T spécifiques contre le VVZ est plus élevé chez les patients plus âgés qui ont eu un zona que chez les patients témoins du même âge. Ces lymphocytes persistent au moins pendant deux ans. La réponse est constante et indépendante de l'âge.
« New England Journal of Medicine », 2 juin 2005, pp. 2271-2284, éditorial, pp. 2266-2267 et 2344-2346.
Pourquoi vacciner ?
Le zona se caractérise par une éruption cutanée vésiculaire qui suit la topographie d'un dermatome. L'incidence de cette infection s'accroît avec l'âge, tout comme la sévérité des manifestations. Plus de la moitié des personnes atteintes du zona ont dépassé l'âge de 60 ans. Au-delà de cet âge, plus de la moitié des patients atteints souffrent d'une complication. La plus invalidante et la plus fréquente est la névralgie postzostérienne, syndrome douloureux qui apparaît après guérison de l'éruption cutanée. La durée de ces algies peut être assez longue. Elle dure au-delà d'un an chez 36,6 % des patients de plus de 60 ans et chez 47 % de 70 ans.
Après la primo-infection varicelleuse acquise dans l'enfance, le virus varicelle zona (VVZ) reste quiescent dans un ganglion sensoriel, crânien ou spinal. On suppose que la vaccination peut permettre de réduire l'importance de la maladie en agissant sur l'immunité cellulaire qui est un déterminant du développement de la maladie et de ses séquelles.
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