PERMETTRE un diagnostic plus précoce par un dépistage de masse organisé est l'un des leviers du plan cancer pour abaisser la mortalité. A titre d'exemple, une métaanalyse a montré qu'un dépistage tous les deux ans entraîne une diminution de la mortalité par cancer colo-rectal de 16 %.
La France, très en retard par rapport aux recommandations européennes, est en train de combler ce manque avec un dépistage organisé du cancer du sein sur tout le territoire depuis 2004. Une expérimentation d'un dépistage organisé du cancer colo-rectal (gratuité du test de recherche de sang dans les selles) est actuellement menée dans 22 départements pilotes. On attend une première évaluation prochainement pour définir une stratégie nationale d'ici à 2007.
Taux de participation en France de 38,3 %.
Mais, malgré les incitations au dépistage du cancer du sein, on constate, selon une récente enquête, que seulement cinq régions ont un taux de participation au programme de mammographies supérieur à 33 %. Ce chiffre a peu varié malgré la mise en œuvre d'un dépistage organisé et généralisé. Le taux de participation aux campagnes est en France de 38,3 %, chiffre très insuffisant en regard des recommandations européennes (70 %), et très variable selon les régions. Le « meilleur moyen d'améliorer l'efficacité et le coût-efficacité des programmes de dépistage est d'influer sur le taux de participation, souligne le Dr Daniel Serin. Il est plus efficace d'augmenter le taux de couverture de la population cible que d'augmenter le rythme des mammographies ». Si un taux de participation de 43 % est atteint, le bénéfice sur la mortalité est de 12 %, s'il atteint 87 %, la mortalité est abaissée de 22 % (Wait-S « Bull Cancer » 2003 ; 90 : 997-1004).
En France, malgré le remboursement de la mammographie, malgré le dépistage de masse organisé, on constate que sur 100 femmes ayant effectué une première mammographie, 46 % en ont effectué une deuxième et seulement 21 % une troisième... La fidélisation est difficile à atteindre. Si près de 90 % des femmes de 60 à 90 ans ont déjà passé une mammographie, moins de une sur deux l'a fait au cours des deux dernières années.
Face à cette situation, on prend conscience de l'intérêt de la généralisation du dépistage identifié et la nécessité de son optimisation. Dans cet esprit, les Laboratoires Roche lançent Edifice.
Une enquête d'envergure.
Ce programme, en trois étapes, vient de débuter par une enquête d'envergure auprès du grand public (1 600 interviews chez les 40-74 ans), de 600 médecins généralistes et de 150 exerçant en dispensaire). Sur le principe d'entretiens, il constituera une base de données unique sur les comportements, les réticences, la non-participation à la démarche du dépistage face aux cancers les plus courants (sein, colo-rectal, bronchique), que ce dépistage soit recommandé ou non, organisé ou non. Seront également explorés : le profil des patients interrogés (âge, sexe, statut marital, catégorie sociale, lieu d'habitation, tabac, alcool...), leurs croyances/leurs représentations (concernés ou non par leur santé, par le cancer...), leur consommation médicale (vaccinations, THS, vitamines...), leur relation avec le médecin traitant.
Les résultats devraient être publiés en mars 2005. Suivra la deuxième étape avec une réflexion sur ces nouvelles données sur les réticences personnelles et collectives. Enfin, la troisième étape d'Edifice consistera à proposer des actions à mettre en place à l'INCa et avec les autorités de santé publique pour optimiser la participation au dépistage organisé.
Journées cancérologie Roche 2004, session « Le patient au coeur du dispositif de santé », présidée par le Pr Roland Bugat, le Pr Jean-Luc Harousseau, d'après la communication du Dr Daniel Serin (Avignon).
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