LA VOIX HUMAINE est riche en informations verbales et non verbales (parole, cri, pleur, rire, chant...) : elle constitue un « visage auditif » que nous savons interpréter. Les capacités à percevoir ces informations vocales jouent un rôle essentiel dans les interactions sociales. Au niveau du cerveau, la perception vocale implique, comme l'a montré l'IRM fonctionnelle, des régions corticales spécifiques situées le long du sillon temporal supérieur, appelées les « aires de la voix ».
On sait que l'autisme se caractérise par des difficultés dans les interactions sociales. Or des études comportementales ont permis d'observer un déficit dans la perception de la voix humaine. D'où vient ce déficit de perception ? Afin d'en savoir plus, des chercheurs de l'équipe mixte Inserm-CEA « Imagerie cérébrale en psychiatrie » (service hospitalier Frédéric-Joliot) ont étudié par imagerie cérébrale fonctionnelle (IRMf) comment le cerveau des sujets autistes adultes perçoit la voix humaine par rapport à d'autres sons.
Parole, cri, rire, pleur, chant...
L'activité cérébrale de 5 adultes atteints d'autisme et de 8 volontaires sains a été enregistrée pendant qu'on leur faisait écouter des sons alternant la voix humaine (parole, cri, rire, pleur, chant) et d'autres types de sons non vocaux (animaux, cloches, instruments de musique, voiture, etc.).
Résultat : chez les autistes, on observe une absence d'activation de l'aire spécifique de la perception de la voix (aire de la voix) : chez ces patients, les aires cérébrales activées sont exactement les mêmes, qu'il s'agisse de la voix humaine ou de sons non vocaux. Aucune activation cérébrale spécifique d'une reconnaissance de la voix humaine n'a pu être mise en évidence. Par ailleurs, quand on leur demandait : « Qu'avez-vous entendu pendant l'examen », les autistes ne rapportaient que 8,5 % de sons vocaux contre 51,2 % pour les sujets témoins ; ce qui témoigne d'une faible capacité à reconnaître les voix humaines.
« Cette étude sur la voix, stimulus auditif riche en informations sur l'identité et l'état émotionnel de l'interlocuteur, met en évidence un trouble de la perception sociale dans le domaine auditif », explique un communiqué Inserm. Ainsi, cet intéressant travail étaye l'hypothèse selon laquelle les difficultés des autistes seraient liées à un déficit de la perception des stimuli sociaux. En effet, une précédente étude par IRM fonctionnelle a déjà montré qu'il existe, chez les autistes, une absence d'activation de l'aire spécialisée dans le traitement des visages. « Ces anomalies du traitement de la voix et des visages suggèrent que les difficultés des autistes à comprendre l'état émotionnel d'autrui et à interagir avec lui pourraient être liées à un déficit de la perception des stimuli sociaux. »
Stratégies de rééducation.
Ces résultats, poursuit l'Inserm, apportent de nouvelles perspectives pour comprendre les perturbations des interactions sociales dans l'autisme. La mise en évidence de ces déficits perceptifs pourrait permettre « l'élaboration de stratégies de rééducation visant à induire un traitement spécifique des informations vocales et faciales, traitement qui semble ne pas s'être développé spontanément chez l'adulte ».
Hélène Gervais, Pascal Belin, Nathalie Boddaert, Marion Leboyer, Arnaud Coez, Ignacio Sfaello, Catherine Barthélémy, François Brunelle, Yves Samson et Monica Zibovicius. « Nature Neuroscience », août 2004, pp. 801-802.
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