On sait que les individus dotés d'une exceptionnelle longévité ont une plus faible incidence des maladies liées à l'âge ; ou bien un retard salvateur à la survenue de ces maladies ; on sait aussi que les membres de leur famille peuvent hériter de facteurs biologiques qui modulent les processus du vieillissement et la susceptibilité aux maladies.
Dans ce contexte, des chercheurs américains ont cherché à identifier les facteurs biologiques spécifiques et des facteurs génétiques qui peuvent être associés à un phénotype de longévité chez l'homme.
Nir Barzilai et coll. ont donc mis en place une étude cas-contrôle ; les « cas » ont été 213 Juifs ashkénazes d'une longévité exceptionnelle (moyenne d'âge 98,2 ans) et leurs enfants (n = 216, âgés en moyenne de 68,3 ans), qui ont été recrutés entre 1998 et 2002 ; les contrôles ont été, d'une part, un groupe de 258 Juifs ashkénazes et, d'autre part, un groupe de 589 sujets issus de la « Framingham Offspring Study » (descendants des sujets de l'étude de Framingham).
Des questionnaires détaillés ont été administrés à tous ces sujets ; tous ont été soumis à un examen clinique et tous ont eu des prises de sang. Parmi les examens biologiques, on a réalisé des dosages des lipides et des sous-classes de lipoprotéines, ainsi que la détermination de la taille des particules par résonance magnétique nucléaire à protons ; enfin, on a fait le génotypage à la recherche du variante I405V (substitution d'une isoleucine par une valine au codon 405) dans le gène CETP (Cholesterol Ester Transfer Protein), qui est impliqué dans la régulation des lipoprotéines et la taille de ces particules. Sachant que les particules LDL petites et denses sont impliquées dans l'athérosclérose, il était légitime de se demander si des particules de grande taille n'avaient pas l'effet inverse.
Les enfants aussi
Résultat : la taille des particules de HDL (High Density Lipoprotein) et LDL (Low Density Lipoprotein) était significativement plus élevée chez les sujets « cas » très âgés que chez les contrôles(p = 0,001 pour les HDL et les LDL), cela indépendamment des taux plasmatiques du cholestérol HDL ou LDL et des lipoprotéines A1 et B. Ce phénotype était aussi typique chez les enfants des centenaires mais pas chez les sujets contrôles.
Par ailleurs, la taille des particules HDL et LDL était significativement plus grande chez les enfants et chez les contrôles qui n'avaient pas d'hypertension artérielle (p = 0,001) et de maladie cardio-vasculaire (p = 0,008). De plus, la taille des particules de lipoprotéines - mais pas le taux des LDL - étaient significativement plus élevés chez les enfants et les contrôles qui n'avaient pas de syndrome métabolique (p < 0,001).
Moins d'HTA, de maladie cardio-vasculaire et de syndrome métabolique
Quant au gène CETP, les « cas » et leurs enfants avaient une fréquence accrue d'une homozygotie pour l'allèle valine 405 (génotype VV) : par rapport aux contrôles, fréquence accrue respectivement d'un facteur 2,9 et 3,6 chez les hommes et 2,7 et 1,5 chez les femmes. Et les cas ayant le phénotype VV avaient effectivement des particules de lipoprotéine de grande taille ; chez eux, le taux sérique de la protéine CETP était bas.
« Les individus d'une exceptionnelle longévité et leur descendance ont des particules de HDL et de LDL plus élevée. Ce phénotype est associé à une plus faible prévalence d'hypertension artérielle, de maladie cardio-vasculaire, de syndrome métabolique et d'homozygotie accrue pour le variant I405V dans le gène CETP. Ces résultats suggèrent que la taille des particules de lipoprotéines est héréditaire et procure un phénotype associé à un vieillissement en bonne santé », concluent les auteurs.
Nir Barzilai et coll. « JAMA » du 15 octobre 2003 ; 2901 : 2030-2040.
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