American College of Cardiology 30 mars-2 avril 2003 à Chicago

L'atorvastatine prévient les risques cardio-vasculaires chez l'hypertendu à cholestérolémie normale

Publié le 24/04/2003
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L'ajout de l'atorvastatine à raison de seulement 10 mg/jour à un traitement antihypertenseur chez des hypertendus considérés comme à risque cardio-vasculaire modéré permet clairement de prévenir un nombre important d'accidents cardiaques et d'accidents vasculaires cérébraux, a souligné le Pr Björn Dahlof (Göteborg), l'un des investigateurs principaux de l'étude ASCOT (Anglo-Scandinavian Cardiac Outcome Trial).

En effet, les bénéfices obtenus avec Tahor dans le bras LLA (Lipid Lowering Arm) sont tels qu'ils ont conduit le comité scientifique indépendant de pilotage à l'interrompre prématurément, au bout de 3,3 ans (en octobre 2002), alors qu'ASCOT-LLA, comme le reste de l'étude, était censée durer cinq ans.

Une diminution de 36 % des événements coronariens

Les résultats font apparaître chez les patients hypertendus à risque modéré et ayant une cholestérolémie normale ou légèrement augmentée, traités par Tahor, une diminution de 36 % du taux combiné des événements coronariens fatals et des infarctus du myocarde non fatals (critère de jugement principal de l'étude et chiffres obtenus comparativement au groupe placebo), ce qui est hautement significatif (p < 0,0005).
Parmi les critères secondaires d'analyse, on observe également quelques résultats importants en terme de prévention : une réduction de 27 % des accidents vasculaires cérébraux fatals et non fatals (89 dans le groupe atorvastatine contre 121 dans le groupe placebo), une diminution de 21 % des besoins en procédures de revascularisation. Ont été aussi significativement diminués : les événements cardio-vasculaires totaux (389 versus 486, p = 0,0005), les événements coronaires totaux (178 versus 247, p = 0,0005).
Au terme des 3,3 ans, il y a ainsi eu 212 décès dans le groupe placebo contre seulement 185 dans le groupe Tahor.

Un effet bénéfique de survenue précoce

De plus, l'effet préventif vis-à-vis des événements cardio-vasculaires s'est manifesté très précocement au cours de l'étude ASCOT, « plus tôt qu'au cours des nombreuses autres études cliniques », a déclaré l'investigateur principal, le Pr Peter Sever (Londres). En témoignent les courbes de survenue de ces événements qui divergent sensiblement dès la première année de suivi.
«  Si l'étude avait duré cinq ans, comme cela était prévu à l'origine, la réduction des événements coronariens fatals et non fatals aurait pu être proche de 50 %, ce qui pourrait correspondre à une réduction de 1 mmol/l du cholestérol sérique », si l'on se réfère aux études observationnelles, signalent les auteurs.
Ce résultats sont bien dus à l'action de la statine, car elle a été ajoutée à un traitement efficace de l'hypertension, a souligné le Pr Dahlof.
A l'origine, l'étude ASCOT, qui a inclus 19 342 patients hypertendus, a été mise en place pour comparer des traitements antihypertenseurs (traitement récent versus traitement standard) en terme de bénéfices cardio-vasculaires. Par ailleurs, les investigateurs voulant déterminer si l'atorvastatine pouvait entraîner un effet préventif supplémentaire, plus de la moitié des patients d'ASCOT (10 305) ont eu soit cette statine à la dose de 10 mg quotidiens, soit un placebo (ce qui a déterminé ASCOT-LLA).
Les critères d'inclusion des participants étaient la présence d'une HTA ainsi qu'au moins trois autres facteurs de risque (hypertrophie ventriculaire gauche, âge supérieur à 55 ans, microalbuminirie ou protéinurie, diabète, tabagisme ou antécédents familiaux de maladie coronaire) mais considérés comme à risque cardio-vasculaire modéré. Ils sont considérés comme à risque cardio-vasculaire modéré. Le risque coronarien du groupe placebo était, lui, estimé à 9,4 % à dix ans.
Les patients traités par Tahor avaient des taux de cholestérol total inférieurs ou égal à 250 mg/dl (6,5 mmol/l, normaux à légèrement augmentés).
On estime qu'entre 35 % et 50 % des patients souffrant d'une HTA ont également une hypercholestérolémie. «  ASCOT-LLA confirme une fois de plus l'efficacité importante du Tahor et fournit des éléments nouveaux concernant les avantages d'un traitement hypocholestérolémiant pour une large population de patients », a déclaré le Dr Joseph Feczko, président du développement international chez Pfizer. Pour le Pr Sever, «  ces résultats pourraient avoir des conséquences sur la prise en charge de cette population particulière de patients : patients hypertendus, avec des taux de cholestérol normaux à légèrement élevés et n'étant généralement pas pris en charge par une thérapeutique hypocholestérolémiante ».

D'après la communication de P. S. Sever
Ces résultats sont publiés dans le numéro daté du 5 avril de « The Lancet » (vol. 361, pp. 1149-1158).

Dr Béatrice VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7323