La prise en charge des allergies alimentaires devraient être facilitée en milieu scolaire grâce aux « projets d'accueil individualisé » (PAI). Cependant, à l'heure actuelle, les PAI ne semblent pas être mis en place de manière efficace et justifiée. C'est ce que révèle une étude réalisée auprès de 748 enfants de la région de Limoges âgés de 5 à 17 ans.
Le Dr Bonnaud (service de pathologie respiratoire, CHU de Limoges) et ses collaborateurs ont pu estimer la prévalence des allergies alimentaires chez l'enfant et l'adolescent ainsi que leur prise en charge, en se fondant sur un questionnaire distribué à plusieurs classes de différents établissements scolaires de Limoges et de sa périphérie. Le questionnaire utilisé en outre a permis de collecter des informations sur les éventuelles allergies non alimentaires des enfants, l'existence de troubles allergiques dans la famille, le tabagisme passif des enfants et la profession des parents.
22,73 % d'allergies non alimentaires
Les auteurs ont obtenu 748 questionnaires exploitables parmi lesquels 40 faisaient état d'allergies alimentaires, 5,35 %, et 170 d'allergies non alimentaires, 22,73 %. Les auteurs admettent que ces chiffres sont probablement surestimés puisque qu'il n'y a pas de confirmation allergologique des déclarations rapportées dans les questionnaires.
Parmi les 40 enfants présentant une allergie alimentaire, 17 sont allergiques à plusieurs aliments et 29 sont en outre allergiques à des substances non alimentaires.
Chez 80 % des élèves allergiques à un ou plusieurs aliments, des antécédents allergiques familiaux ont pu être notés. Aucune relation ne peut être clairement établie entre le tabagisme passif et les allergies alimentaires. En revanche, selon les critères de nomenclature de des catégories socio-professionnelle de l'INSEE, le niveau socio-économique des familles des enfants allergiques est majoritairement élevée.
Un syndrome oral est observé chez 29 des 40 enfants allergiques, de l'urticaire apparaît dans 17 cas, de l'asthme dans 9 cas et 4 enfants ont fait un choc anaphylactique. Ces quatre élèves souffrent de plusieurs allergies alimentaires, mais le questionnaire n'a pas permis de déterminer quel était l'aliment à l'origine du choc anaphylactique.
Trois groupes d'aliments
Plus de 70 aliments allergéniques ont été cités dans les questionnaires recueillis mais il est possible de les regrouper en trois groupes principaux : 16 % sont des rosacées (pommes, pêche, framboise, cerise), 15 % des légumineuses et 14 % appartiennent au groupe latex (kiwi, melon, banane, châtaigne). La prévalence de l'allergie à l'arachide est de 1,34 % (10 enfants sur 748).
L'analyse du nombre d'aliments auxquels les enfants sont allergiques en fonction de leur âge a montré que la monosensibilisation est majoritaire à l'école maternelle et en primaire, alors que les adolescents du collège et du lycée sont le plus souvent polysensibilisés.
Seuls 4 des 40 élèves allergiques ont bénéficié d'un PAI. Parmi eux enfants, on ne retrouve qu'un seul de ceux présentant une allergie grave (choc anaphylactique).
La prise en charge en milieu scolaire des allergies alimentaires paraît donc insuffisante, en particulier dans les cas graves. Il est impératif de revoir cette prise en charge car une étude récente menée aux Etats-Unis a montré que les décès causés par les allergies alimentaires surviennent pratiquement uniquement chez les enfants et les adolescents.
F. Touraine et coll., « Revue française d'allergologie et d'immunologie clinique », 2002, vol. 42, pp. 763-768.
Attention au raisin
Les Drs Pétrus et Malandain (centre hospitalier de Tarbes et Vannes) ont décrit le cas d'un petit garçon de quatre ans présentant une allergie au raisin. Elle s'intègre dans le cadre d'un syndrome d'allergies multiples (acariens, pollens de graminées, blanc d'uf, poisson, latex, kiwi) associé à une sensibilisation à la banane, la noix de coco et l'amande. L'allergie au raisin a été affirmée par tests cutanés, test labial et dosage des IgE sériques spécifiques.
L'allergie au raisin est rare et presque toujours accompagnée d'autres allergies et/ou sensibilisation (vin, graminées, rosacées, latex...). Elle se manifeste souvent uniquement par un syndrome oral. Cependant, cette manifestation bénigne peut évoluer avec le temps vers une expression plus grave de l'allergie, telle que l'asthme, l'anaphylaxie à l'effort ou même le choc anaphylactique. C'est pourquoi l'allergie au raisin mérite d'être envisagée devant un tableau d'allergies alimentaires multiples.
« Revue française d'allergologie et d'immunologie clinique », 2002, vol. 42, pp. 806-809.
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