Menjugate : un nouveau vaccin contre le méningocoque du groupe C

Publié le 10/12/2002
Article réservé aux abonnés

La méningite C, causée par Neisseria meningitidis du sérogroupe C, est particulièrement grave. En 2001 et 2002, l'étude nationale du Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique, portant sur 80 % des services hospitaliers, retrouve une incidence du méningocoque C de 30 %. Comme en Angleterre, ce germe touche le plus souvent les enfants de moins de 2 ans (système immunitaire )immature) ;
les 15-19 ans sont, eux aussi, à risque (augmentation de la transmission de la bactérie dans cette classe d'âge).

Purpura fulminans

Qu'il s'agisse de méningites bactériennes ou de purpura fulminans, c'est la précocité du traitement antibiotique qui permet d'améliorer le pronostic.
Pour ce qui est du purpura fulminans, une recommandation du Conseil supérieur d'hygiène publique de France conseille l'administration immédiate d'une céphalosporine de troisième génération, injectable dès l'apparition des premiers éléments purpuriques fébriles. Seule cette mesure devrait entraîner une diminution de la mortalité.
La méningite C est difficile à combattre du fait de la difficulté diagnostique (premiers symptômes pas forcément spécifiques), d'un traitement antibiotique souvent commencé trop tardivement, d'une chimioprophylaxie certes efficace, mais qui permet seulement la prévention des infections secondaires (de 1 à 2 % des cas). Les vaccins polysaccharidiques peuvent aider, mais ils ne sont pas efficaces chez les enfants de moins de 2 ans, ils induisent une réponse immunitaire insuffisante chez les enfants de moins de 5 ans, ils induisent seulement une augmentation de courte durée du titre des anticorps (lymphocytes B dépendants), et ils n'induisent pas de mémoire immunitaire (réponse immunitaire lymphocytes T-dépendante) (de Vals et coll, « JAMA », 2001).
En fait, comme cela a été fait au Royaume-Uni, la prévention primaire n'est possible que grâce à une immunisation efficace de toutes les classes d'âge. Dans ce pays, une vaccination de masse utilisant pour la première fois des vaccins antiméningococciques du sérogroupe C a commencé en novembre 1999. Menjugate a été enregistré et inclus dans la campagne en mars 2000. Les résultats donnés par le PHLS (Public Health Laboratory Service) démontrent le succès remarquable de cette campagne : 90 % d'efficacité à moins d'un an, 89 % entre 1 et 2 ans, 95 % entre 9 et 10 ans, 95 % entre 11 et 14 ans, 94 % entre 15 et 17 ans.

L'exemple britannique

On a donc mis en évidence, avec les vaccins conjugués, dont Menjugate, une immunogénicité supérieure à celle des vaccins polysaccharidiques dans toutes les classes d'âge. De plus, une mémoire immunitaire durable chez les enfants immunisés dans la prime enfance est induite (rappel à l'âge de 4 ans). Comparativement aux patients sous vaccins polysaccharidiques, les titres en anticorps protecteurs ont été significativement plus élevés chez tous les patients sous Menjugate (S. Choo et coll., « Vaccine », 2000).
Chez les nourrissons de 2 mois, Menjugate est immunogène (J. M. Mac Lennan et coll). Les titres en anticorps protecteurs s'élèvent à 98 % après la deuxième injection et à 100 % après la troisième injection (à l'âge de 3 et 4 mois). La vaccination de rappel avec le vaccin PS a abouti à une multiplication du titre bactéricide sérique par 44, indiquant l'induction d'une réponse immunitaire mémoire.
Enfin, l'administration simultanée d'autres vaccins n'a pas eu d'influence clinique notable sur l'immunogénicité et la sécurité d'emploi de Menjugate. Il n'a pas été observé de modification du degré de protection apportée par les vaccins administrés de façon concomitante. Les schémas posologiques de Menjugate varient selon l'âge. Nourrissons de moins de 12 mois : 1e injection, pas avant 2 mois ; 2e injection minimum un mois après la 1e injection ; 3e injection minimum un mois après la 2e injection. Enfants de plus de 12 mois, adolescents et adultes : une injection.
Menjugate peut être employé pour une vaccination de routine, une vaccination de masse ou pour juguler une épidémie.

Conférence de presse organisée par le Laboratoire Socopharm, à laquelle participaient le Pr Ph. Reinert (CHI de Créteil, président du Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique) et S. Trollé (Laboratoire Socopharm).

Dr Brigitte VALLOIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7237