On sait que l'infection par Helicobacter pylori augmente le risque de cancer gastrique. On sait aussi que le développement de ce cancer est lié à un certain nombre de déterminants génétiques de la souche bactérienne (gènes codant pour une cytotoxine ou un facteur pro-inflammatoire).
Un polymorphisme humain semble jouer un rôle dans la susceptibilité de l'hôte à la maladie. Des polymorphismes du gène de l'interleukine 1 (IL1) bêta et du gène du récepteur antagoniste de l'IL1 (IL1RN) ont été associés à une tendance accrue à la fois à l'hypochlorhydrie et au carcinome gastrique.
Une équipe publie dans le « Journal of the National Cancer Institute » la recherche d'un profil génétique associant à la fois des caractères de la souche et des patients. L'équipe portugaise de Céu Figueiredo (Institute of Molecular Pathology and Immunology, université de Porto) a travaillé chez 221 personnes ayant une gastrite chronique et 222 autres présentant un cancer gastrique.
Des souches à odds ratio élevé
Elle montre que l'infection par des souches de H. pylori vacAs1, vacAm1 et cagA est associée à une augmentation du risque de cancer gastrique, avec des odds ratio respectifs de 17, 6,7 et 15.
Par ailleurs, les porteurs d'un polymorphisme pour l'interleukine bêta-1, profil IL1B-511*T/*T ou IL1B-511*T/*C et homozygotes pour un allèle court de l'antagoniste du récepteur à l'IL1 (ILRN*2/*2) ont une augmentation du risque de carcinome, avec un odds ratio de 3,3. Enfin, lorsqu'il existe une combinaison de ces caractères, le risque augmente considérablement pour atteindre presque 90 % chez les porteurs de vacAs 1/IL-1B-511*T (OR de 87).
Pour les autres combinaisons, les OR varient entre 7,4 et 25.
« Les découvertes de Figueiredo et coll. suggèrent une interaction biologique significative entre les hôtes et les bactéries », commente un éditorialiste. Le travail a le mérite de montrer que le risque du cancer gastrique apparaît comme « un problème que l'on peut aborder » et de prouver qu'il existe un « paradigme pour d'autres cancers induits par des microbes ». Les résultats sont prometteurs sur le plan clinique, mais encore trop préliminaires pour être appliqués tout de suite. Si les caractères de l'hôte demeurent constants, les souches qui le colonisent peuvent varier au cours de la vie.
« Journal of the National Cancer Institute », vol. 94, n° 22, 20 novembre 2002, pp. 1680-1687 et éditorial pp.1662-1663
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature