European Respiratory Society 14-18 septembre 2002 à Stockholm

Des patients asthmatiques sous-informés

Publié le 17/10/2002
Article réservé aux abonnés
1276278222F_Img102297.jpg

1276278222F_Img102297.jpg

CONGRES HEBDO

Les dispositifs d'inhalation constituent un progrès important dans le traitement des maladies respiratoires. Mais leur efficacité est conditionnée par la qualité de leur utilisation. Pour cela, une bonne connaissance des caractéristiques de la maladie, de ses symptômes et du rôle des traitements semble nécessaire. Trois études britanniques mettent pourtant en évidence un déficit d'éducation des patients, enfants ou adultes, avec pour conséquence un mauvais contrôle de l'affection dont ils sont atteints.
Cela est particulièrement vrai chez les plus jeunes. Une équipe de Nottingham a tenté de mesurer le degré de connaissance de 60 enfants (34 garçons et 26 filles), âgés de 7 à 14 ans, qui étaient traités pour un asthme depuis sept ans en moyenne dans l'un des deux hôpitaux des East Midlands. Les résultats obtenus à l'aide d'un questionnaire standardisé (15 items) et d'entretiens individuels semi-directifs révèlent que la majorité des enfants (plus de 83 %) ignorent que la maladie touche leurs voies respiratoires, même s'ils la situent dans leurs poumons (ou leur poitrine). A peine la moitié d'entre eux savent que la toux et la respiration sifflante sont des symptômes d'asthme. Bien plus, alors que pratiquement tous utilisent des bronchodilatateurs, ils ne sont qu'un tiers à pouvoir en expliquer l'effet (« mieux respirer »). Quant aux corticoïdes inhalés, utilisés par 83 % des patients, leur rôle dans la diminution de l'inflammation n'est connu que une fois sur cinq. Enfin, sur les 22 questions portant sur la physiologie de l'asthme et sur les facteurs susceptibles de déclencher les crises, les réponses justes se sont échelonnées entre 2 et 13, quel que soit l'âge chez les filles ou les garçons.
Les spécialistes en sont persuadés : l'objectif thérapeutique dans cette tranche d'âge ne peut être efficacement atteint que par une meilleure éducation des enfants. Le recours au jeu vidéo pourrait représenter une solution d'avenir (voir encadré).

De nombreuses erreurs d'utilisation

Mais l'effort doit également être dirigé vers les adultes, comme en témoigne l'enquête menée par Mark Everard et coll. (Sheffield) sur l'utilisation des aérosols. Parmi les 53 asthmatiques ou parents d'asthmatiques interrogés, âgés de 1 à 88 ans, les erreurs d'utilisation sont plus fréquentes chez les plus vieux en comparaison avec les autres catégories d'âge. Les patients oublient d'ôter le bouchon du dispositif, diffusent le produit sur leur poitrine ou manquent de coordination pour inhaler correctement par la bouche. Tous cependant ne sont pas conscients de leurs erreurs et croient utiliser correctement leur aérosol. Ceux à qui une chambre d'inhalation a été prescrite dans le but d'améliorer le fonctionnement de l'inhalateur (en majorité des enfants) négligent, dans la plupart des cas, de la mettre en place. Cela concerne même les parents des enfants de moins de 5 ans. Les raisons le plus souvent évoquées sont le manque de temps et les difficultés de la vie quotidienne. Ainsi, même chez des patients qui suivent correctement leur traitement, les principes actifs atteignent rarement leur cible bronchique.
L'administration des corticoïdes inhalés chez les patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive rencontre les mêmes difficultés. Dans une étude réalisée par Aklak Choudhury et coll. chez 161 patients de plus de 40 ans, fumeurs ou anciens fumeurs (5 paquets/années), atteints de BPCO et traités par corticoïdes inhalés depuis au moins six mois, plus de 60 % des sujets ont déclaré ne pas savoir pourquoi ce traitement leur avait été prescrit.

Le même constat dans la BPCO

« Les réponses sont pour le moins inquiétantes, déclare Marta Barbores, rapporteur d'une deuxième étude ; 64 patients souffrant de BPCO, tirés au sort parmi 12 000 malades admis chaque année au centre de pneumologie de l'hôpital universitaire de Liverpool, ont été interrogés. Seuls 11 % des sujets savaient de quoi ils souffraient, et 62 % n'avaient jamais entendu parler de BPCO ou ignoraient de quoi il s'agissait ! Il est vrai que un patient sur trois a déclaré n'avoir jamais reçu d'explication sur sa maladie. » En outre, 63 % ont estimé que le tabac n'a pas contribué à leur état actuel, même si trois quarts des patients reconnaissent que leur médecin leur en avait conseillé l'arrêt.
Ces études sont toutes britanniques, mais elles soulignent l'effort d'information et d'éducation que doivent accomplir les médecins auprès de leurs patients afin d'optimiser la prise en charge des maladies respiratoires.

Jeu vidéo éducatif contre jeu « placebo »

Des programmes d'éducation plus ludiques sont peut-être un des moyens à explorer afin de mieux captiver les enfants et leur faire acquérir les connaissances nécessaires sur l'asthme. « Cela devrait permettre de réduire la morbidité de la maladie », a commenté Emma Baker (Saint George, Hospital Medical School, Londres), qui a présenté un jeu vidéo spécialement conçu et testé à cet effet. « Space Inhalers » rappelle un jeu d'aventures bien connu des enfants. Il met en scène un vaisseau spatial qui est en fait un inhalateur de bêta-agoniste destiné à détruire les cibles de l'asthme. Les enfants disposent par ailleurs de boucliers protecteurs qui sont en fait des inhalateurs de corticostéroïdes. Tout le long du jeu sont diffusés des messages éducatifs sur la maladie en général et sur les techniques d'inhalation.
Afin d'évaluer son efficacité, les concepteurs de la vidéo ont imaginé un jeu « placebo » sans contenu informatif. Pendant un mois, 36 enfants ont joué soit avec le jeu complet (n = 17), soit avec le placebo. Le jeu à contenu éducatif a permis de manière significative de faire progresser le score des connaissances des jeunes asthmatiques.

Dr Lydia ARCHIMEDE Dr L. A.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7201