L'augmentation importante de l'incidence et de la prévalence de la fibrillation auriculaire met en perspective l'intérêt des nouveaux antiarythmiques qui devraient arriver sur le marché européen. Cette donnée épidémiologique est tout simplement liée au vieillissement de la population. « On constate que la courbe qui dessine l'incidence de la fibrillation auriculaire selon l'âge devient fortement ascendante explique le Pr Jean-Yves Le Heuzey. Schématiquement, le début de la courbe se situe vers 50 ans mais la fibrillation auriculaire est une maladie des septuagénaires et des octogénaires », explique t-il.
« Selon les données française, 1 à 2 % de la population globale adulte serait atteinte de fibrillation auriculaire, soit environ 500 000 personnes », ajoute le Pr Le Heuzey.
Le diagnostic se résume en deux situations distinctes : le trouble est asymptomatique et la découverte est fortuite lors d'un ECG ou à l'auscultation cardiaque ; soit le patient se plaint de dyspnée ou de palpitations. Le risque est thrombo-embolique avec majoritairement des accidents vasculaires cérébraux, conséquence la plus dramatique. « Toutes fibrillations auriculaires confondues le risque d'accidents thrombo-emboliques est estimé à 2 % par an sans traitement, ce qui n'est pas négligeable », poursuit le spécialiste.
Les antiarythmiques utilisés aujourd'hui dans le traitement de la fibrillation auriculaire de classe I ou III ne permettent pas de répondre efficacement à toutes les situations cliniques.
« Le besoin de nouveaux antiarythmiques est donc réel », insiste le Pr Le Heuzey.
« Le premier à avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché est le dofetilide commercialisé par Pfizer aux Etats-Unis mais non disponible en Europe.Cet antiarytmique n'est pas facile à manier, explique le Pr Le Heuzey, la FDA a donné son autorisation avec certaines restrictions. Les cardiologues américains qui l'utilisent le font après avoir participé à un programme de formation. »
Le produit reste donc dans un domaine très spécialisé : de plus, la première administration qui se fait pourtant par voie orale, doit être effectuée en milieu hospitalier. Elle nécessite de surveiller l'espace QT - comme pour tous ces produits - mais aussi la clairance de la créatinine.
L'essai DIAMOND (Danish Investigations of Arrythmia and Mortality On Dofetilide) réalisé dans les suites de l'infarctus du myocarde et de l'insuffisance cardiaque n'a pas enregistré de surmortalité avec ce produit. Dans le sous-groupe de sujets atteints de fibrillation auriculaire, le dofetilide est efficace et prévient ou réduit la FA.
L'azimilide, produit de Procter et Gamble, est également un antiarythmique de classe III dont le plan de développement est comparable. Dans l'essai ALIVE ( Azimilide post-Infarct survival Evaluation Trial) présenté cette année à l'ACC, il n'entraîne pas de surmortalité et devrait être développé dans l'indication spécifique du traitement de la fibrillation auriculaire. L'azimilide n'a pas encore l'agrément de la FDA aux Etats-unis.
La nouvelle amiodarone
Enfin, la dronédarone, développée par Sanofi-Synthélabo serait en quelque sorte un équivalent de l'amiodarone sans ses effets thyroïdiens puisque la molécule, un benzofurane, est dépourvue de radicaux iodés. Aux trois dosages utilisés dans les essais expérimentaux, curieusement, le dosage le plus faible soit 800 mg s'est révélé la plus efficace, explique le Pr Le Heuzey. Les doses supérieures, 1 200 mg et 1 600 mg n'ont pas été efficaces peut-être du fait de l'induction d'une diarrhée source d'hypokaliémie, elle-même génératrice de troubles du rythme.
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