Tout en sintéressant aux stratégies développées par les virus pour échapper au système immunitaire, des chercheurs anglo-saxons se sont focalisés sur la protéine vif (Virion Infectivity Factor) du VIH.
Ce facteur, présent dans les virus dimmunodépression des primates et de lhomme, joue un rôle majeur dans la pathogénicité de linfection. Il semble essentiel aux stades tardifs de la production virale pour se défendre contre des lymphocytes T disposant dun phénotype antiviral spécifique (donc capables de se débarrasser du VIH). Par conséquent, les virus dépourvus de vif expriment uniquement leur phénotype non infectieux à la surface des lymphocytes T humains (principale cible du VIH) et dans un nombre limité de lignées cellulaires, dites non permissives. A linverse, beaucoup dautres lignées cellulaires sont responsables de la production de virions porteurs de vif (hautement infectieux). Ces cellules sont appelées permissives.
« Permissif » et « non permissif »
Or des expériences récentes ont montré que le caractère non permissif était dominant. Il devenait donc possible de concevoir un modèle de cellules non permissives qui exprimeraient le virus non pathogène et qui seraient capable, grâce à leurs gènes, de transformer le phénotype « permissif » en « non permissif ».
Sans entrer dans le détail, les chercheurs de luniversité de Pennsylvanie (Etats-Unis) et du Kings College de Londres ont cherché des gènes candidats par PCR dans les cellules non permissives et permissives. Un gène, appelé CEM15, est alors apparu comme particulièrement important dans le déterminisme du caractère non permissif des cellules. Dans un premier temps, différentes quantités de CEM15 ont été transfectées dans des lignées de cellules permissives dans le but dobtenir une modification du phénotype et de la production de virus (virus sans vif). Lexpression du gène CEM15 sest montrée capable de limiter la production du facteur vif qualitativement (mais pas quantitativement).
Une seconde expérience a été menée pour connaître son effet sur la réplication du VIH dans les lymphocytes T. Sur des cultures à la fois infectées par du virus sauvage et du virus déficient en vif, il na pas été possible de mettre en avant un bénéfice : les souches pathogènes se développaient beaucoup plus vite que les autres. Un échec que les chercheurs expliquent par une probable mauvaise expression du gène CEM15 dans les lymphocytes. « Néanmoins, lexpression ectopique de ce gène est très efficace pour transformer un phénotype permissif en non permissif, explique les virologues. Le gène CEM15 détient une part importante, voire lentière responsabilité, de limmunité innée contre le VIH qui intervient au stade avancé du cycle de réplication virale. La libération de son inhibition par le facteur vif ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques. »
Ann Sheehy et coll., «Nature», 14 juillet 2002.
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