Cancers : le couple anticorps-combretastatine efficace chez la souris

Publié le 25/06/2001
Article réservé aux abonnés

C E double traitement a permis d'obtenir la guérison complète et durable d'une tumeur solide de type humain chez cinq sur six souris dans une étude expérimentale. Des essais chez l'homme pourraient démarrer dès l'an prochain.
Cette technique, développée, avec le soutien du Cancer Research Campaign, par les Pr R. Begent (Royal Free Hospital, Londres) et G. Rustin (Mount Vernon Hospital, Northwood, ouest de Londres), est née de l'observation suivante : l'injection d'anticorps radioactifs (RIT, radioimmunothérapie) parvient à faire régresser les tumeurs expérimentales mais seulement à leur périphérie. A l'inverse, les agents antivasculaires (comme la combretastatine) créent une nécrose hémorragique puissante au cœur de la tumeur, mais ne réussissent pas à empêcher les cellules de proliférer à nouveau à la périphérie de la tumeur.
Il était donc séduisant de combiner ces deux approches. Les chercheurs ont utilisé un modèle de souris génétiquement modifiées pour développer un adénocarcinome du côlon de type humain (lignée cellulaire SW1222). L'ordre d'administration des deux thérapeutiques est important car il conditionne leur efficacité maximale. Les anticorps étaient injectés les premiers, afin de permettre un ciblage optimal de la tumeur. La combretastatine était administrée dans un deuxième temps (à 48 heures).

Guérison complète et durable

Ce protocole thérapeutique a permis l'obtention, chez cinq des souris (85 %), d'une guérison complète et durable (au-delà de neuf mois).
Plusieurs mécanismes d'action sont envisageables. L'efficacité de l'association des deux techniques pourrait simplement s'expliquer par un effet cytolytique complémentaire de la combretastatine, au niveau du noyau (plus hypoxique) de la tumeur, et de la RIT, plus active à la périphérie. Il est également possible que l'action anti-vasculaire de la combretastatine contribue à prolonger la fixation des anticorps radioactifs au niveau de la tumeur. Il est vraisemblable que ces deux mécanismes interviennent simultanément.
La combinaison de deux thérapeutiques comporte un risque potentiel théorique d'augmentation de la toxicité systémique ; rien de tel n'a été observé dans cet essai. Les chercheurs ont seulement noté une légère accentuation de la perte de poids par rapport à l'utilisation de la RIT isolément. Un avantage de la combretastatine sur d'autres agents antivasculaires (tel que le DMXAA) est qu'elle est efficace à des doses bien inférieures au seuil de tolérance.

Dr Bernard GOLFIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6944