L ARGEMENT sous-estimée, la fréquence des asthmes professionnels dans les pays industrialisés peut être estimée à environ 10 % des cas d'asthme de l'adulte. Depuis 1996, l'ONAP (Observatoire national des asthmes professionnels) a permis de récolter plus de 1 600 observations et de préciser les métiers les plus souvent en cause, ainsi que les agents étiologiques les plus fréquents. C'est chez les boulangers et les pâtissiers que se recrutent les cas les plus nombreux (plus de 20 % des AP), devant les professions de santé, les peintres au pistolet, les coiffeurs, les employés de nettoyage et les métiers du bois.
Plus de 250 étiologies
Les principales causes sont, par ordre de fréquence décroissante : la farine, les isocyanates, le latex, les aldéhydes, les persulfates alcalins et les poussières de bois. A ce jour, plus de 250 étiologies différentes ont été recensées dans le monde.
Si le diagnostic reste aisé, il est souvent plus difficile de rapporter un asthme à une origine professionnelle. C'est alors que l'interrogatoire prend toute sa valeur. Il tente de rechercher des manifestations respiratoires, voire une rhinite et une sinusite, rythmées par le travail, ainsi que la notion de cas identiques parmi les collègues de travail. Il recherche surtout la notion d'exercice d'une profession à risque ou d'une exposition à des agents asthmogènes connus. La recherche d'une sensibilité immunologique par tests cutanés (prick-tests) ou mise en évidence d'IgE spécifiques (RAST) peut être d'un apport utile au diagnostic ; néanmoins, ces tests ne sont en pratique utilisables et fiables que pour un nombre restreint d'étiologies.
Surveillance du débit de pointe
La surveillance longitudinale du débit de pointe vise à démontrer les variations de ce paramètre rythmées par le travail. Simple et peu coûteuse, cette surveillance, lorsqu'elle respecte un protocole rigoureux, a une bonne sensibilité et une bonne spécificité pour le diagnostic. Par ailleurs, la mise en évidence de variations significatives du niveau de réactivité bronchique en fonction des périodes d'exposition ou d'éviction professionnelle est un argument supplémentaire en faveur d'un asthme professionnel. Enfin, les tests de provocation spécifique doivent être réservés aux cas complexes ou à l'identification de nouveaux agents.
L'éviction du risque
Le seul traitement réellement efficace de l'asthme professionnel est l'éviction du risque. En effet, l'arrêt de l'exposition, quand il est total et précoce, permet une guérison complète dans certains cas, mais le plus souvent, même après éviction, beaucoup de patients demeurent symptomatiques avec persistance d'une hyperréactivité bronchique non spécifique. Les traitements médicamenteux sont identiques à ceux d'asthme non professionnel et la place de l'immunothérapie reste à définir.
Enfin, la prise en charge sociale est indispensable, car seize tableaux du régime général de Sécurité sociale et deux du régime agricole prévoient actuellement la réparation des AP et couvrent la majorité des principales étiologies. Les droits de la victime d'un asthme reconnu en maladie professionnelle sont la prise en charge à 100 % des soins médicaux, des indemnités journalières plus importantes, des indemnités professionnelles, plus importantes que celles d'un arrêt de travail, et un capital ou une rente proportionnels au taux d'IPP après consolidation. Par ailleurs, l'employeur est tenu de rechercher un reclassement au sein de l'entreprise, en fonction des propositions formulées par le médecin du travail.
Entretiens de Bichat : table ronde à laquelle participaient J. Ameille, J.-C. Pairon, A. Perdrix et D. Vervloët.
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