S' IL semble aujourd'hui certain que la prévalence des maladies sexuellement transmissibles (MST) augmente dans la plupart des pays européens, le nombre des études épidémiologiques qui sont consacrées à cette recrudescence est relativement peu important. Dans la perspective d'une prévention efficace, leur intérêt est pourtant majeur, comme l'ont montré quelques travaux présentés à Istanbul.
En Pologne, une équipe de microbiologie a relevé une augmentation impressionnante du nombre de cas de Chlamydia trachomatis parmi les femmes qui lui étaient adressées par les médecins généralistes, dans la région de Basse-Silésie : la proportion passe d'environ 8 % dans les années 1996 à 1999 à presque 28 % en 2000, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. La forte prévalence des infections à ce germe est retrouvée dans une étude russe menée en Sibérie (Novosibirsk), sans cependant qu'elle augmente depuis 1996. Les auteurs soulignent qu'elle est comparable à celle qui est retrouvée ailleurs en Russie, nettement supérieure à celle des pays occidentaux.
Une proportion importante d'infections asymptomatiques
Une équipe de Turin (Italie) a comparé pendant l'année 1999 les femmes atteintes d'une infection génitale, symptomatique ou asymptomatique, en fonction de la présence d'un facteur de risque ou non. Son travail confirme la proportion importante des infections génitales asymptomatiques (plus de 40 %). Plus de 17 % des consultantes, atteintes d'une infection ou non, avaient au moins un facteur de risque. Ce pourcentage montait à plus de 50 % chez les femmes atteintes d'une infection symptomatique et à plus du tiers chez les femmes asymptomatiques. Les facteurs de risque pertinents étaient : le jeune âge, le début précoce de l'activité sexuelle, la multiplicité des partenaires dans les six derniers mois, l'usage de produits illégaux par voie intraveineuse, le fait d'être originaire d'un pays à forte prévalence de MST et enfin la pratique de rapports sexuels avec des partenaires atteints d'urétrite.
Une équipe de Bologne s'est plus spécifiquement attachée à l'étude de ces facteurs chez les adolescents. Le spectre des infections relevées est très large, les infections non gonococciques venant en tête avec 34 % des cas, alors que l'herpès représente 26 % et que les Chlamydia, Molluscum et gonorrhées représentent entre 6 et 7,4 % des cas. Mais, surtout, leur travail montre la proportion importante de cette tranche d'âge parmi les consultants pour MST : plus de 6 % (284 patients âgés de 13 à 20 ans sur un total de 4 646) entre 1991 et 1999, passant de 3,6 % en 1991 à 13,3 % en 1999. Même augmentation inquiétante de la proportion des femmes, qui constituent l'écrasante majorité des cas la dernière année de l'étude (52 sur 59).
Une première explication tient à l'arrivée massive de jeunes immigrées prostituées, dès 1993. En effet, les adolescents d'origine étrangère représentent plus de 40 % des cas en moyenne, cette proportion passant à environ 75 % à la fin de l'étude. D'autres raisons existent, dont les principales sont la promiscuité sexuelle (près du tiers ont eu entre 2 et 9 partenaires pendant les six derniers mois), l'absence d'utilisation de préservatifs (plus des deux tiers) et un faible niveau scolaire. Parmi ces adolescents, on rencontre peu d'homosexuels (6 %) et peu de toxicomanes (1,1 %).
D'après les posters de J. Ruczkowska et coll. (Wroclaw, Pologne), A. A. Khrynian (Novosibirsk, Russie), M. A. Latino et coll. (Turin, Italie). Communication et poster de C. Beltrami, R. Manfredi et coll. (Bologne, Italie).
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