L' ASSISTANCE publique-Hôpitaux de Paris s'implique intensivement en cancérologie en contribuant à la recherche fondamentale, à l'évolution du plateau technique et à des progrès thérapeutiques, grâce à la collaboration entre les cancérologues, les chirurgiens, les biologistes, les radiologues etc. Chaque année, l'AP-HP prend en charge 45 000 patients cancéreux dont 2 200 sont traités en ambulatoire. A l'heure actuelle, on assiste à une demande croissante de soins qui permettent de passer plus de temps au domicile qu'à l'hôpital. Aussi l'AP-HP s'efforce-t-elle d'organiser le relais entre hôpital et ville, de développer l'hospitalisation à domicile avec la chimiothérapie administrée par les pompes programmables (selon le principe de la chronothérapie) et de favoriser les réseaux des soins palliatifs pour que la prise en charge symptomatique du patient débute dès le diagnostic. L'AP-HP participe aux autres progrès scientifiques comme la thérapie génique, le traitement par cellules dendritiques, les mini-allogreffes dans le cancer du sein, les protocoles d'intensification thérapeutique avec la greffe de moelle. De nouveaux médicaments sont actuellement administrés pour la première fois chez l'homme : un dérivé d'algue marine (Ecteinascidine) dans le traitement du sarcome résistant à la chimiothérapie conventionnelle et un dérivé du champignon (Méthyl Acyl Fulvène) chez les patients atteints de cancer de la prostate hormonorésistant. En perspective, se dessinent de nouvelles prestations qui vont faciliter l'accès à l'information, et notamment la consultation infirmière dont l'utilité est unanimement reconnue, ainsi que la mise en place de l'avis pluridisciplinaire médico-chirurgical.
Les campagnes de dépistage des cancers
Les équipes hospitalières sont aussi partie prenante des campagnes nationales de dépistage des cancers, qui nécessitent une coordination étroite entre ville et hôpital, tant dans l'organisation de la prévention que dans le suivi des patients.
En ce qui concerne le cancer du sein, la campagne nationale de dépistage par la mammographie est en train de s'élargir afin d'en diminuer la mortalité et la morbidité. Outre le dépistage individualisé, le dépistage de masse est désormais organisé pour les femmes âgées de 50 à 70 ans. Afin de permettre l'accès à des soins de qualité pour tous, la législation impose la double lecture radiologique, l'obligation de formation des radiologues et le respect de procédures de conformité. Par ailleurs, il convient de rappeler que la palpation des seins reste un examen fondamental et systématique.
Le dépistage de masse du cancer colo-rectal dans la population asymptomatique et sans facteurs de risque est, certes, possible, par le test Hemoccult, mais il reste à mettre en uvre dans notre pays. Pourtant, il s'agit d'un cancer fréquent dont l'incidence est en augmentation et qui représente 15 % de l'ensemble des cancers. L'Hemoccult est sans danger, peu coûteux et acceptable par la population, ce qui n'est pas le cas pour la coloscopie qui comporte des risques d'hémorragie et de perforation (1 pour 1 000). Ce test permet de dépister environ 2 % des cas et les études montrent une diminution de la mortalité, entre 15 % et 33 %. Selon le Pr Chaussade, la mortalité peut être diminuée de plus de 4O % chez les patients qui acceptent la coloscopie.
Dépistage du cancer de la prostate
Quant au dépistage du cancer de la prostate, il est recommandé dans la tranche d'âge 50-7O ans, mais au-delà, il y a des controverses. Si le toucher rectal reste un excellent examen clinique, il ne dépiste pas une tumeur de stade 1 et n'est pas bien accepté par l'ensemble de la population. L'échographie transrectale, fondamentale pour les biopsies, n'est pas un examen de première intention. C'est donc le marqueur PSA qui apparaît comme le meilleur outil de dépistage du cancer, en sachant qu'il s'élève dès que la prostate est lésée car il a une spécificité de tissu et non pas de tumeur. Pour le moment, on ne peut pas encore faire la différence entre les cancers latents et les cancers agressifs et on attend les progrès de la génétique (marqueurs microsatellites sur les chromosomes). Comme l'a souligné Pr Teillac, le patient doit être informé du fait que le dépistage peut aboutir au diagnostic de cancer de la prostate et au traitement comportant une morbidité (prostatectomie radicale).
MEDEC 2001, les Rencontres ville-hôpital organisées par Assistance publique-Hôpitaux de Paris, avec la participation des Prs Misset, Bernaudin, Sellier, Chaussade, Teillac et des Drs Chassang et Weil.
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