Chère à Martin Hirsch et à Didier Tabuteau, l'« Assurance maladie universelle » n'est pas trop la tasse de thé du Dr Jean-Paul Ortiz. Sur son blog, le président de la CSMF s'en prend à ce nouveau concept, qui suppose de recentrer les remboursements sur l'Assurance maladie et de supprimer à terme les mutuelles.
"Que restera-t-il du reste à charge ? Sera-t-il pris en charge par cette couverture universelle ?", s'interroge Jean-Paul Ortiz, qui juge irréaliste cette perspective ? "Si cela n’était pas le cas, cela permettrait l’apparition de nouvelles… assurances complémentaires qui prendraient en charge tout ou une partie de ce reste à charge," ironise le leader de la Conf'. À l’inverse, "si le reste à charge est intégré dans un système universel, le coût collectif serait alors considérable," insiste-t-il. Et de poser assez crûment la question : "Que ferait-on, par exemple, des 2,5 milliards d’euros de compléments d’honoraires indispensables à la survie de bien des spécialités en médecine de ville ? "
Mais ce que redoute surtout le syndicaliste, c'est le risque de glissement vers une étatisation du système. Et de poursuivre, pédagogue : "Une 'Assurance maladie universelle' met sous la coupe de l’Etat l’ensemble du système de santé. Le glissement progressif d’un système bismarckien – basé sur la solidarité où chacun paie en fonction de ses revenus mais reçoit en fonction de ses besoins – vers un système beveridgien anglo-saxon serait définitivement acté." Pour Jean-Paul Ortiz, pas de doute : "nous tomberions alors dans toutes les dérives largement dénoncées actuellement en Grande-Bretagne devant l’échec du NHS : listes d’attente interminables, accès aux structures de soins difficiles et complexes, apparition d’une médecine à deux vitesses, etc."
Au final, qualifiant la piste de "voies simplistes mais dangereuses", le président de la CSMF propose de troquer l’« Assurance maladie universelle » contre une « médecine libérale universelle, accessible à tous », et "construire notre système de santé sur la base de cette médecine de proximité, médecine générale et médecine spécialisée".
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