Une enquête judiciaire pour meurtre a été ouverte et un homme placé en garde à vue après le décès par arme blanche du Dr Jean-Michel Gal, un médecin de 67 ans, psychiatre au centre médico-psychologique (CMP) du Gosier, en Guadeloupe, a annoncé lundi à l'AFP la procureure de la République de Pointe-à-Pitre, Caroline Calbo, confirmant une information de Guadeloupe La 1ere. Ce psychiatre a été agressé « par plusieurs coups portés avec une arme blanche » et « n'a pas pu être ranimé », selon une source proche du dossier.
L'établissement où officiait le praticien abrite un hôpital de jour et un centre médico-psychologique (CMP), spécialisé dans la prise en charge des maladies mentales. De source médicale, le psychiatre y effectuait ses consultations de la matinée quand il a été violemment frappé par un patient, à plusieurs reprises.
Une dizaine de professionnels, tous très choqués, se trouvaient dans le bâtiment au moment des faits. Selon cette source, le suspect interpellé est un « patient qui n'avait pas donné signe avant-coureur d'un passage à l'acte ». Dans son rapport 2024, l'établissement public de santé mentale (EPSM) de l'archipel dit avoir pris en charge 12 378 patients, soit 3 % de la population guadeloupéenne, un chiffre en hausse de 22 % depuis 2019.
Sous le choc
Ce drame a bouleversé la profession et provoqué une vague de messages de soutien à la famille, aux proches et aux confrères de ce médecin. Un acte tragique qui pose une nouvelle fois la question de la sécurité des soignants dans l’exercice de leur métier. « On a un mort, l’urgence est là ! Je ne sais pas ce qu’on attend pour enfin avoir les décrets d’application qui permettraient de mettre en œuvre la loi sur la sécurité des soignants pourtant votée cet été. Le texte durcit les peines mais développe aussi des actions de prévention », réagit le Dr Saïd Ouichou, joint ce mardi après-midi par Le Quotidien. Le généraliste de Marseille, fondateur du collectif du 12 mars contre les violences faites aux soignants, en appelle à Gérald Darmanin et à Stéphanie Rist, via, le réseau X (anciennement Twitter). « Nous demandons un plan d’urgence pour la sécurité des soignants.
Nous demandons des moyens réels pour la psychiatrie et la santé mentale. Nous demandons que plus jamais un soignant ne parte travailler en se demandant s’il va rentrer chez lui », clame le médecin.
Le conseil national de l’Ordre des médecins exprime de son côté sa « stupéfaction » et assure « son soutien entier » à la famille, aux proches et aux confrères du praticien, « ainsi qu’à l’ensemble des médecins victimes de violences ». Cet acte dramatique « bouleverse toute la profession et l’ensemble des soignants », assure l’institution ordinale. Qui rappelle que les agressions visant les médecins sont « en constante augmentation ». « Elles touchent sans distinction tous les modes d’exercice - libéral, salarié, hospitalier -, toutes les spécialités et tous les territoires, en métropole comme en outre-mer », rappelle le Cnom.
L’Ordre souligne aussi que les CMP constituent souvent « le premier recours des usagers en matière de santé mentale ». Et dans ce territoire confronté à une forte précarité et à une population vulnérable, les conditions d’exercice des praticiens sont déjà particulièrement fragilisées, ce qui soulève d’autres enjeux . « Cet événement tragique interroge avec acuité les moyens alloués au secteur, la sécurité des professionnels et la prise en charge des pathologies psychiatriques dans l’archipel », ajoute l’institution ordinale.
Au nom du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), sa présidente, la Dr Marie José Cortès adresse une lettre de condoléances ce mardi 2 décembre. « C’est avec une profonde tristesse et une très vive émotion que nous avons appris le décès hier de l’un de nos collègues, praticien engagé de longue date, suite à une violente agression sur son lieu de travail au CMP de Gosier. Nous tenons à exprimer à sa famille, à ses amis, à nos collègues et aux équipes de l’EPSM, ainsi qu’à l’ensemble des professionnels de santé de l’archipel notre soutien le plus appuyé face à cette tragique et si douloureuse épreuve ». La FHF Guadeloupe exprime elle aussi son « immense tristesse » et assure la famille et les collègues de l’EPSM de son entière solidarité.
Cœur artificiel : l'offre de reprise de Carmat a été retenue
Moritz Hunsmann (CNRS) : « Nous invitons 59 % des malades avec un cancer hématologique à déclarer une maladie professionnelle »
L’Anses dans l’inquiétude après la mise sur la touche de Benoît Vallet
Grippe, Covid, VRS… Quelles leçons tirer de la vaccination à l’étranger ?