Santé, G-Cris ton nom ! Ils et elles sont directeurs d’hôpital, médecins, anciens présidents de CME, académiciens… Une quarantaine de « vieux sages » et quelques étudiants en médecine ont constitué G-Cris (pour groupe de crise), un cercle de réflexion non partisan et sans attache institutionnelle.
Ils se réunissent bénévolement, une fois par mois, à Lyon, pour trouver des idées innovantes afin de remettre sur pied un système de santé mal en point. « Depuis près de cinquante ans, les rapports et les lois se succèdent sans améliorer la situation. Les difficultés d’accès aux soins, la pénurie de personnels à l’hôpital mais aussi le déficit abyssal de la Sécu exigent des réformes radicales, on ne peut plus se contenter de rustines », affirme Emmanuel Vigneron, historien et géographe de la santé, à l’initiative du think tank, composé majoritairement de membres issus de l’hôpital. « C’est un choix assumé, précise le chercheur. Nous avons la chance d’avoir des hôpitaux partout en France, c’est le socle solide sur lequel la puissance publique peut refonder le système de santé. »
Les difficultés d’accès aux soins, la pénurie de personnels à l’hôpital et le déficit abyssal de la Sécu exigent des réformes radicales
Emmanuel Vigneron, historien et géographe de la santé
Parmi les experts engagés dans le groupe figurent notamment Florence Arnoux, Loriane Ayoub, Émilie Bérard, Aurélie Channet, Bernard Dupont et Pascal Mariotti, directrices et directeurs d’hôpital, Éric Chenut, président de la Mutualité française, les Prs Olivier Claris et Patrice Diot, de l’Académie de médecine, le Dr Pierre de Haas, fondateur de la Fédération nationale des maisons de santé, le Dr Arnaud Dellinger, ancien président de CME, ainsi que des étudiants et internes de l’Anemf et de l’Isni.
L’ancien directeur des hôpitaux et haut fonctionnaire Édouard Couty et l’ex-ministre de la Santé Jean-François Mattei apportent leur soutien à l’initiative. Le cercle a commencé à se réunir en mai et a prévu de plancher chaque mois sur une problématique différente : l’accès aux soins, bien sûr, mais aussi le financement du système de santé, le temps médical, la gouvernance, la qualité des soins, la psychiatrie ou encore l’impact de l’IA en santé… Le groupe publiera des synthèses dans le magazine Gestions hospitalières. Il entend aussi distiller ses propositions dans des colloques et des tribunes médiatiques pour qu’elles infusent la société et la classe politique.
Les ordonnances Debré en modèle
Le service public chevillé au corps, Émilie Bérard, directrice d’hôpital, s’est engagée dans G-Cris pour défendre le modèle de la Sécurité sociale, « socle du pacte républicain qui garantit à tous des soins de qualité ». « Nous devons nous interroger afin de comprendre pourquoi le système de santé français, qui était considéré par l’OMS en 2000 comme le meilleur au monde, avec des acteurs publics et privés très complémentaires, ne fonctionne plus aussi bien aujourd’hui », analyse-t-elle.
Le think tank compte aussi des médecins disposés à revoir l’organisation du système de santé, comme le Pr Patrice Diot, ancien président de la Conférence des doyens de médecine. « On n’entend parler que du nombre de médecins alors que ce qui compte, c’est leur répartition et l’organisation des soins dans les territoires. Créer des premières années de médecine dans tous les départements n’est pas une solution, nous n’avons pas les moyens d’organiser des formations de qualité de façon dispersée. » Avec G-Cris, il veut contribuer à ce que « le système de santé ne soit plus vu qu’au travers du soin et du médecin ».
G-Cris fera-t-il entendre sa voix ? « Notre modèle est semblable à celui adopté par Jean Dausset et quelques autres, parrainés par Robert Debré, qui avait abouti aux ordonnances de 1958. Sans avoir la prétention de nous comparer à eux, nous voulons, nous aussi, apporter notre pierre à l’édifice », conclut Emmanuel Vigneron.
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