Aux racistes, nombre d'intellectuels, souvent issus de l'immigration, opposent le concept de « racisé ». Il n'est autre que la défense d'un groupe qui, lassé par les manifestations d'intolérance dans la société française, estime qu'il ne peut la combattre qu'en créant une enclave au sein de la même société. Une enclave où il s'arrogerait les droits dont il se croit privé, à tort ou à raison. Qui préconise cette étrange solution à la crise raciale ? En général des Français d'origine africaine ou maghrébine, soutenus pas des blancs qui ont rejoint leurs idées.
La loi n'a pas d'autre objectif que d'aplanir les sujets qui dressent des communautés les unes contre les autres, ce qui est extrêmement fâcheux dans un pays qui se dit démocratique et tolérant. Et il est vrai que ce n'est toujours pas le cas dans des villes, notamment en banlieue, où s'affrontent blancs, Noirs, musulmans et juifs. On notera que les personnes qui ont pris la tête de ce mouvement à faces multiples sont exactement celles qui ont été le mieux éduquées dans les écoles de la République : elles ont, en général un bagage intellectuel et culturel et l'idée même d'une sorte d'indépendance par rapport à l'ordre républicain ne pouvait surgir que dans des têtes bien pleines. On notera aussi que le racisme est parfois partagé par ceux qui s'en disent victimes mais expriment leur antisémitisme.
Malheureusement, ces mouvements divers ne sont pas unis, chacun cherchant à protéger sa paroisse ; à cause du racisme, ils pratiquent l'exclusion de ceux qui ne sont ni noirs ni musulmans ; ils élargissent les failles, chaque jour un peu plus larges, entre ce qu'il est convenu d'appeler « communautés », mot qui prétend rassembler mais en réalité découpe la société en morceaux minuscules. Leur approche est inspirée par les mésaventures coloniales de la France qui auraient ravagé leur patrimoine culturel et auraient tenté de les transformer, eux les Africains, en petits soldats discriminés de la République. Ils sont évidemment favorables à un flux migratoire accru parce qu'ils souhaitent que l'Afrique fasse aujourd'hui ce qu'autrefois la France a fait à l'Afrique. Il y a de la passion, de l'émotion, un esprit revanchard, dans ce comportement.
Sortir du ghetto
Il est dangereux. Il alimente l'intolérance d'une extrême droite qui campe sur son concept de « grand remplacement » de la population française dite « de souche » (ces vilains mots étant nécessaires à l'exposé) et il ne propose que la création de bastions « racisés » au sein des villes où les minorités seraient « protégées » contre la majorité. On ne construit pas une société de cette manière. La République n'est pas un amoncellement d'identités. Elle a pour but, au contraire, et malgré les réflexes racistes de l'extrême-droite, de fondre les différences dans le creuset national. Et rappelez-vous : il en a toujours été ainsi. En dépit de l'hostilité de nombre de partis politiqiues, la France n'a cessé de poursuivre l'objectif d'intégration des minorités avec d'autant plus de ferveur que l'on trouve dans les banlieues des villes comprenant jusqu'à une centaine de nationalités diverses.
On ne fera pas un blanc d'un Noir ou d'un asiatique. On peut néanmoins en faire des personnages d'une valeur culturelle et intellectuelle égale ou supérieure à celle des Français nés en France et d'ascendance française. De multiples exemples de ces contributeurs à la richesse et à l'économie françaises vivent sous nos yeux, provoquent notre admiration, participent sans réserves à la vie du pays. Les « racisés », dans ce contexte, prêchent pour une cause négative et retournent contre eux-mêmes les idées qui les ont conduits à partir à l'assaut d'une société qui ne leur aurait pas tout donné mais qui, tout de même, leur a fait un proposition valable.
Comme ils ont beaucoup de mal à convaincre, ils sont combattus, encore une fois, par la réalité des faits : des Français issus de l'immigration qui sont pilotes, écrivains, acteurs, réalisateurs, musiciens, patrons... et ne songent pas un seul instant à s'enfermer dans le ghetto qu'ils ont quitté avec un grand soupir de soulagement.