C'était il y a un an, l'étincelle qui allait embraser l'hôpital. Le 18 mars 2019 débutait à Saint-Antoine une grève illimitée du personnel des urgences après l'agression d'un patient. Rejoints par une poignée d'autres services parisiens, ces paramédicaux de l'ombre fondaient le collectif Inter-Urgences pour réclamer embauches et hausses de salaires. Hugo Huon, jeune infirmier à fleur de peau, devenait la figure de proue de ce mouvement de rébellion inédit, cash dans ses revendications et hors cadre syndical.
La suite est connue : des centaines de services d'urgences en grève, le renfort des collectifs médicaux, une contestation gagnant tous les étages de l'hôpital. Si les assignations ont masqué le conflit, la colère n'a jamais cessé. Jusqu'à mettre 10 000 blouses blanches dans la rue – des « petites mains » aux mandarins – le 14 novembre à Paris.
Le gouvernement a joué à contretemps, trop peu ou trop tard, déclinant sans convaincre des dizaines de mesures, dont la reprise de 10 milliards d'euros de dette hospitalière. Les soignants en colère y ont vu du saupoudrage, du replâtrage, et du recyclage.
Paradoxalement, la pandémie qui met à l'épreuve notre système de santé pourrait changer la donne. Car cela se passe ici et maintenant. La vague du coronavirus jette une lumière crue sur les limites du sous-financement chronique qui laisse les hôpitaux et les soignants en permanence sur le fil.
Chef de guerre sanitaire, Emmanuel Macron l'a reconnu en creux. Jeudi 12 mars, saluant les héros en blouse blanche, le chef de l'État a promis la mobilisation de « tous les moyens financiers nécessaires », « quoi qu'il en coûte ». Cet engagement de crédits vaut-il pour demain ? Il faudra sortir avec un « système de santé encore plus fort », a juré Macron face à 19 millions de téléspectateurs. Bercy et Ségur discutent déjà de la revalorisation de la rémunération des personnels. Enfin ?