À la rentrée 2021 va démarrer le programme Averroes. Lancé par l’Université Paris-Saclay, ce double cursus se propose de former les futurs leaders dans les domaines de la recherche, de l’innovation biomédicale et des politiques de santé. Ce projet a émergé en 2015 du constat « d’une forme de faiblesse dans les études médicales en termes de préparation des étudiants à faire face aux futurs défis du monde de la santé, justifie le Pr Didier Guillemot, un des coordinateurs du projet. Suivant le modèle d’Averroès, philosophe, médecin, théologien, juriste andalou du XIIe siècle, ce programme veut « former des étudiants ayant des ressources multidisciplinaires de haut niveau à la fois en santé et dans d’autres disciplines ».
D’où l’idée de profiter des ressources offertes par l’Université Paris-Saclay pour répondre à ces enjeux en mettant en commun les formations des composantes universitaires (Facultés de Médecine et de Pharmacie) de l’établissement mais aussi celles des grandes écoles qui y sont rattachées (Agro ParisTech, Centrale Supélec, ENS Paris-Saclay, Institut d’optique) et des universités associées. Ce parcours ouvre ainsi la formation des futurs médecins et pharmaciens à des domaines complémentaires comme les études d’ingénieurs, de sciences politiques, d’informatique, de droit ou encore de physique. « Même l’école d’architecture de Versailles est d’accord pour participer au programme » ajoute le professeur.
Un programme personnalisé
« Cette idée d’ouverture des études médicales à d’autres disciplines est assez nouvelle en France, observe Didier Guillemot. Contrairement à ce qui est déjà proposé dans d’autres établissements, ce projet propose des formations dans d’autres domaines que celui des sciences de la vie ». Concrètement, les étudiants en deuxième année de médecine ou de pharmacie qui seront retenus ou ceux issus de cursus hors études de santé suivront des formations complémentaires dans la spécialité de leur choix. Afin d’éviter qu’ils ne se dispersent trop, ils seront suivis par les équipes du programme. « L’idée est de faire des parcours à la carte pour chaque étudiant recruté sur la base d’un projet, détaille le professeur Guillemot, et de les suivre de manière extrêmement individualisée ».
Suite à une sélection sur dossier et entretien, les étudiants intègrent un cycle préparatoire afin de se mettre à niveau dans la discipline qu’ils auront choisie. L’idée est de construire avec eux un parcours adapté pour qu’ils puissent ensuite continuer à étudier la spécialité de leur choix en Master avant de les amener à soutenir une thèse. Afin d’organiser au mieux cet accompagnement, un mentor sera chargé de suivre chaque étudiant ainsi qu’un binôme constitué de deux enseignants-chercheurs : en santé et hors-santé.
D’un point de vue pédagogique, des aménagements sont prévus pour les étudiants en santé. « Il sera possible de valider des UE médicales ou de pharmacie en suivant ce parcours, détaille Didier Guillemot. Nous prévoyons également des allègements d’enseignement ». Des séminaires et des conférences viendront compléter la formation des étudiants « sur le futur de la médecine et de la santé afin de développer des interactions avec le monde non académique : industrie, ONG, start-up... ». La dimension internationale du cursus sera favorisée par des enseignements en langue étrangère, une ou des mobilités internationales, notamment dans le cadre de la European University Alliance for Global Health (EUGLOH) ainsi que la possibilité de soutenir des thèses internationales en cotutelle avec une université étrangère partenaire.
Une culture commune
À terme, les étudiants en santé diplômés à l’issue de ce double cursus formeront une nouvelle génération de médecins et de pharmaciens ouverts à des horizons différents du domaine de la santé. « On cherche à mélanger ces étudiants issus d’univers différents afin de leur communiquer une culture commune d’innovation, de recherche, d’entrepreneuriat... » confirme Didier Guillemot.
Chaque année, les organisateurs du projet espèrent constituer « des promotions de dix étudiants maximum par an avec un fort potentiel ». Cette capacité à suivre deux formations de front permettrait de continuer à développer le programme Averroes dans les années à venir en accueillant toujours plus d’étudiants capables de faire face à l’émergence de nouveaux défis. Des enjeux « auxquels nous n’avons peut-être pas encore pensé » conclut le Pr Guillemot.