Ce jeune artiste polonais dont la personnalité secoue le club désormais moins fermé des chanteurs mâles à voix suraiguë, bouscule tous les codes du concert. Avec son passé de mannequin et le physique qui va avec, ses grandes compétences en breakdance, qui lui ont fait remporter plusieurs compétitions, et une incroyable aisance scénique, Jakub Józef Orlinski met instantanément tous les publics dans sa poche. : sourire ravageur, jeu de scène étudié et cette façon de donner à chaque spectateur l’impression qu’il ne regarde que lui.
Orlinski s’est fait connaître internationalement grâce à une vidéo sur YouTube avec l’air « Vedro’ con moi diletto » du « Giustino » de Vivaldi, enregistré au festival d’Aix 2017 dans l’émission de Frédéric Lodéon dans une tenue estivale décontractée, qui lui a valu plus de quatre millions de vues ! Des apparitions à la télévision française (Victoires de la musique en 2018, Concert de la Tour Eiffel en 2019) ont suivi. Et il s’est entouré de collaborateurs qui soignent cet aspect de sa carrière passant par l’adaptation des airs du répertoire baroque pour des clips vidéo, dont « Music for a While » avec les King Singers est le meilleur exemple. On est déjà dans une autre dimension de l’interprétation musicale, dans laquelle aucun de ses prédécesseurs dans ce genre précis n’avait donné et qui lui permet de toucher un public plus jeune. Si Warner Classics a publié plusieurs albums de musique baroque, son dernier, « Adieux », est entièrement consacré à la mélodie polonaise. Quasiment un siècle et demi de compositions, qui, hormis celles de Karol Szymanowski et Stanislaw Moniuszko, seront des découvertes pour nombre de mélomanes.
Le film que lui consacre Arte est un portrait fidèle, séduisant, ludique de cet artiste de 32 ans complexe et charismatique. La caméra experte de Martin Mirabel l’a suivi en Pologne sur les lieux de ses études, à New York où il a chanté au Metropolitan Opera, à Venise et à Barcelone dans le somptueux Palau de la Música de Lluís Domènech i Montaner. On y apprécie aussi ses fascinants talents de danseur. Jakub Orlinski mêle à la réalisation des scènes filmées avec son téléphone, conférant à cette heure jubilatoire une touche personnelle d’espièglerie extrêmement sympathique.
(Sur Arte dimanche 16 avril à 23h55 et sur Arte.tv à partir du 16 avril)