CONTRIBUTION - Les années 1960 ont marqué un tournant avec l’arrivée progressive des femmes sur le marché du travail. Le président de la République a pris la mixité et l’égalité professionnelle comme un cheval de bataille sur ce dernier quinquennat. Cependant, la plupart des professions et des secteurs sont encore dominés par les hommes. L’évolution, malgré une féminisation générale de l’encadrement et de la part des femmes dans tous secteurs confondus est trop lente.
Le gouvernement a mis en place un certain nombre de lois dans la sphère professionnelle en matière d’égalité afin d’équilibrer la représentation des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration, comme avec la « Loi Copé-Zimmermann ». Elle ne s’appliquait jusqu’en 2020 qu’aux entreprises de plus de 500 salariés, désormais à celles de plus de 250 employés. Des mesures qui sont nécessaires pour faire avancer les choses, mais encore trop timides pour un changement radical dans notre société. Une lenteur qui corrèle avec celle des changements des mentalités encore très patriarcales dans l’éducation.
La parité homme-femme n’est pas acquise de façon collective. Il y a encore du chemin à parcourir pour parvenir à des considérations égalitaires entre les hommes et les femmes, que ce soit au niveau des salaires, des promotions ou des représentativités externes. Des phénomènes comme #Metoo ont donné de la légitimité à la parole des femmes. Les lois ne suffisent plus. Pour insuffler les valeurs paritaires et les ancrer dans les mentalités, l’éducation doit jouer son rôle, mais les postures gouvernementales et des organisations privées ont leur part de responsabilité également.
Grâce à la digitalisation de la communication, les messages sur l’égalité des hommes et des femmes sont entendus et de plus en plus intégrés au sein de la société. Dans le domaine professionnel, les entreprises évoluent sur les salaires et les postes mais à quel niveau ?
Plus de femmes dans la santé, mais le plafond de verre subsiste
Dans le secteur de la santé, plus précisément dans le domaine de l’industrie pharmaceutique qui est plus ouvert car majoritairement féminin, nous arrivons généralement à un plafond de verre où une grande multitude de collaborateurs sont des femmes alors qu’une majorité d’hommes en sont à la tête. Il y a eu une vague de femmes dirigeantes ces dernières années dans le secteur de la pharma, mais les instances dirigeantes et les représentations professionnelles sont encore loin d’être paritaires. Selon les rapports annuels de 2020 du Leem sur l’emploi et la rémunération, nous remarquons par ailleurs que les écarts salariaux dans l’industrie pharmaceutique diminuent et que les cadres supérieures sont de plus en plus nombreuses, mais à noter qu’à hauteur de 75 % les postes de directions sont occupés par des hommes.
Amgen France s’intéresse de près aux organisations qui prônent la diversité et la parité au sein des entreprises. Il fait partie des premiers laboratoires à s’être engagé en signant la Charte Femmes de Santé qui permettra de tendre vers une égalité de la représentation des genres en mettant en avant plus de femmes du secteur de la santé dans les événements, colloques ou tables-rondes ou sur des plateaux-TV, radio sur les sujets de santé. Nous devons pouvoir représenter le secteur à l’extérieur au même titre que les hommes.
Amgen mène une politique volontariste sur l’égalité homme-femme et j’ai souhaité la porter depuis mon arrivée au poste de directrice d’Amgen. En 2022, 50 % du comité de Direction est composé de femmes chez Amgen France. Pour devenir Directrice Générale et parcourir le chemin de la parité, il ne faut pas oublier que la politique menée doit être portée par une vision à long terme. Pour obtenir des postes à haute responsabilité, les femmes doivent faire leurs preuves comme les hommes si ce n’est plus ! Les postes offerts aux femmes sont mérités par un travail acharné et des résultats et non pas pour respecter des quotas homme-femme comme certains pourraient le suggérer.
Il est important que l’équilibre soit représenté au sein du comité de Direction d’Amgen France comme à tous les niveaux de l’entreprise. J’impulse ces valeurs plus largement, notamment dans le cadre de mes fonctions au sein du Leem, syndicat des laboratoires pharmaceutiques en France, et au sein de l’association des Groupes Internationaux pour la Pharmacie de Recherche, que je préside. Par exemple, l’objectif de parité du comité d’administration du Leem a été inscrit dans les statuts ; et pour chaque délégation externe la parité doit être recherchée.
Les inégalités entre les hommes et les femmes subsistent dans l’industrie pharmaceutique malgré les efforts engendrés, en ce qui concerne les rémunérations des cadres dirigeants et les classifications élevées. Pour accélérer le processus de parité, j’encourage tous les acteurs de la santé à s’engager dans des plans d’actions sur les égalités professionnelles et à les mettre réellement en place.
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