« Fournir des repères éthiques à nos sociétés, afin de les guider dans leur façon d’aborder le progrès des sciences de la vie et de la santé », telle était l’ambition du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) dès sa création. Aujourd’hui, il fête ses 40 ans.
L’instance a été fondée en 1983, un an après la naissance d’Amandine, premier bébé conçu par fécondation in vitro en France. Il s’agissait alors de ne pas cantonner la réflexion « aux seuls scientifiques et médecins » et de l'ouvrir à d’autres disciplines. Aux côtés de son président nommé pour deux ans, renouvelables, par le chef de l'Etat, le CCNE s’appuie sur un collège de 45 membres, comptant des scientifiques, médecins, juristes, philosophes, représentants de la société et des différentes familles philosophiques et religieuses, ainsi que sur une section technique de 12 membres, faisant office d’instance de régulation. Premier en son genre à l'échelle mondiale à sa création, le CCNE conserve encore aujourd'hui une place particulière sur la scène internationale et constitue l'un des piliers de la « bioéthique à la française ». Il affiche également son ambition d'apporter un éclairage aux citoyens et décideurs, plus qu'une position tranchée, mentionnant notamment les opinions divergentes dans certains de ses avis.
Et le comité a de nombreux travaux et publications d’avis à son actif, qui ont pu avoir un impact non négligeable sur les questions de bioéthique au fil des années, allant de la recherche sur les cellules souches à l’aide médicale à la procréation, en passant par la fin de vie. « Il y a une ligne de crête à trouver entre un comité qui ne s’occuperait que de sujets strictement scientifiques et une instance qui serait guidée par la vision sociétale », analyse le Pr Jean-François Delfraissy, président du comité depuis 2017. Avant de réaffirmer un devoir d’indépendance tant vis-à-vis du politique que de « l’air du temps » : le CCNE a un pouvoir d’autosaisine dont il ne s’est pas privé à travers les ans. Ainsi, sur les 150 textes publiés, un tiers en est issu.
Alors quels seront les prochains enjeux pour le CCNE ? Sans surprise, les chantiers en cours concernent la procréation, les neurosciences, les populations vulnérables mais aussi le domaine santé environnement, pour lequel il a peut-être pris du retard. Enfin, si l’instance n’a plus à faire la preuve de son utilité dans le débat public, pour ses 40 ans, elle se dote d’un Comité national d’éthique du numérique, pérennisation du comité pilote créé en 2019 et dont le dernier avis porte sur les enjeux éthiques de l’intelligence artificielle et du diagnostic médical. Le CCNE ne manquera pas de sujets pour les prochaines années…
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