Alors que les alertes sur la dégradation de la santé mentale en France sont fréquentes, les blouses blanches ne sont pas épargnées. Et c’est un euphémisme. Paru en début de semaine, l’observatoire MNH-Odoxa pointe ainsi « une situation préoccupante » : 35 % des soignants se disent en mauvaise santé psychologique. C’est 2,5 fois plus que pour la population générale (14 %). Et six points de plus que lors du sondage publié en novembre 2024.
Plus de la moitié des professionnels de santé déclarent avoir ressenti au cours des six derniers mois de l’anxiété, du stress, une charge mentale excessive ou des préoccupations liées au travail. Des disparités existent entre métiers : les infirmières sont les plus concernées (58 %), devant les aides-soignantes (47 %) et les médecins (39 %). Par ailleurs, quatre soignants sur 10 ont déjà été sujets au burn-out ou à l’épuisement professionnels, soit près du double des actifs français. Le manque de reconnaissance et de valorisation, les cadences de travail importantes arrivent en tête des causes, cités respectivement par 51 % et 45 % des répondants. Pourtant, une très large majorité (86 %) estime que la santé mentale a une importance forte voire cruciale dans la bonne conduite de leurs missions quotidiennes. Difficile de prendre en charge des patients quand on est soi-même en situation de grande fragilité.
N’oublions pas la santé de ceux qui soignent !
En matière de solutions, la quasi-totalité des professionnels de santé plébiscitent le développement des compétences psychosociales afin « non seulement d’améliorer leur bien-être, mais aussi de réduire l’absentéisme, mieux gérer la violence au travail, et renforcer la qualité de la relation avec les patients ». La période des études a aussi son importance. Alors que 42 % des soignants de moins de 35 ans déclarent avoir rencontré des difficultés psychologiques dès leur parcours de formation, 96 % des répondants estiment que la gestion des émotions, du stress… devrait y avoir une place plus importante.
Qu’attend-on pour agir ? Agnès Firmin-Le Bodo, alors ministre déléguée aux Professions de santé, a lancé début 2023 un chantier sur la santé des soignants afin d’« élaborer une organisation et une culture de travail permettant de développer la prévention et la santé au travail ». En avril dernier, son successeur Yannick Neuder a promis la mise en place « avant l’été » d’un comité de suivi. En attendant, le débat actuel autour de l’accès aux soins cristallise les tensions et éclipse la problématique. N’oublions pas la santé de ceux qui soignent !
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