Alors que François Braun détaillait sa feuille de route au Mans, au même moment, les jeunes confrères fourbissaient leurs armes. Dès le week-end dernier, les internes avaient été sur le pied de guerre. Après avoir sondé leurs troupes, leurs syndicats ont, en effet, décidé d’un appel à la grève nationale le 14 octobre prochain, assortie d’une manifestation à 14 heures avenue de Ségur avec pour slogan : « stop au mépris, non à la coercition ! » Une initiative conjointe de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) et l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG).
C’est l'article 23 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui a mis le feu aux poudres. Car pour coller aux promesses d’Emmanuel Macron, le texte prévoit l’ajout d’une 4e année à l’internat de médecine générale, à effectuer « en priorité » dans les zones sous-denses. Une mesure inacceptable pour les jeunes. « Nous demandons le retrait du PLFSS de toutes mesures coercitives », résume Olivia Fraigneau, présidente de l’Isni.
Précarisation
Les carabins voient dans cette mesure une « solution de remplacement déguisée » et « une année d’exploitation supplémentaire des internes ». Remontés à bloc, les jeunes médecins ont déjà tenté, lundi dernier, une action de lobbying devant une poignée d'élus, restés à Paris quand d'autres élus avaient gagné Le Mans. « Nous ne voulons ni une précarisation financière, ni une obligation en zones sous-denses, ni une précarisation humaine », a martelé Victor Vandenberghe, vice-président de l’Isnar-IMG. L’interne de médecine générale s’inquiète notamment « d’une quatrième année de formation sans formateur ».
Alors que la mesure prévoit d’envoyer près de 4 000 internes sur les territoires, les 12 000 maîtres de stage universitaires « ne sont pas assez nombreux », tacle-t-il. Les jeunes généralistes, eux aussi, « sont très inquiets, abonde la Dr Élise Fraih, présidente du Regroupement autonome des jeunes généralistes installés et remplaçants (Reagjir). Nous ne voulons pas d’une 4e année qui envoie nos étudiants dans l’inconnu ».
« Méthodologie exécrable »
Pour tenter d'éteindre la mèche, le ministère de la Santé a annoncé le lancement d’une mission de concertation sur le sujet. Une proposition qui est loin d’avoir apaisé les internes. « C’est une méthodologie exécrable, répond Victor Vandenberghe. Cela fait des années que nous travaillons sur le sujet et tout est réduit à néant ». Des arguments qui ont fait mouche auprès de certains élus. « Dans ces conditions actuelles, nous nous opposerons à cette 4e année », a assuré aux jeunes la sénatrice socialiste de Haute-Garonne, Émilienne Poumirol, elle-même généraliste retraitée.
Mais d’ici la mi-octobre, la situation promet d’être explosive. Les syndicats d’internes peuvent déjà s’appuyer sur le soutien de certains de leurs aînés, comme Reagjir, qui appelle tous les généralistes « à manifester ». Jeunes Médecins, l’UFML ou encore l’URPS médecins libéraux Île-de-France, se sont aussi officiellement opposés à cette 4e année. « D’autres syndicats de seniors pourraient nous rejoindre », indique Olivia Fraigneau. Dans tous les services et tous les cabinets, la présidente de l’Isni appelle en tout cas les carabins « de toutes les spécialités » à joindre le mouvement.