En effet, M. Sarkozy est le seul qui recueille autant de voix favorables que de voix défavorables. Aucun des autres candidats potentiels ne pourrait battre M. Macron. Ce qui conduit à quelques constats essentiels. Tout d'abord, l'enquête du « Point » relativise l'impopularité de M. Macron. Les Français sont immensément déçus par lui, mais quand ils auront l'occasion de faire un meilleur choix, ils ne trouveront pratiquement personne. Ensuite, à quoi servent le fracas, le chaos, les hurlements de la foule, la destruction des biens, le délire, la bassesse, la violence quand ils ne changent rien, et surtout pas la conviction de l'électeur ? Macron, je n'ai cessé de l'écrire, est protégé par les institutions. Quand Mélenchon espère une crise de régime, il se conduit tout simplement en séditieux inquiétant. Tout laisse donc penser, même si nous sommes devenus prudents avec les pronostics, que M. Macron finira son mandat. Viendra alors l'heure de la grande explication.
La France ne manque pas de personnels politiques capables de fournir un président de la République convenable. Il y a, notamment à droite, des personnalités intéressantes qui n'ont pas encore eu l'occasion de montrer l'étendue de leurs capacités : Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, François Baroin. J'ai cité trois noms qui ont une particularité. Il s'agit de trois personnes qui ont quelque chose en commun avec Emmanuel Macron, même si elles refusent de se réclamer de lui : ce sont des « en même temps », des libéraux mâtinés de compassion, des acteurs politiques dont le raisonnement exclut le dogme, inclut le pragmatisme et considère que les inégalités doivent être combattues. Par rapport au si populaire Nicolas Sarkozy, elles manquent peut-être de notoriété, mais les campagnes sont faites pour désigner de nouveaux héros. Dans ces conditions, pourquoi larguer Macron définitivement pour élire un président ou une présidente qui lui ressemblerait comme deux gouttes d'eau ?
2022 : un grand mystère
Ni Mme Pécresse, ni M. Baroin, ni M. Bertrand ne souhaitent représenter cette partie du peuple qui est en état d'insurrection. Ils ont, heureusement, une approche bien plus subtile de la politique. Et dans ce cas, pourquoi seraient-ils élus ? Ce ne sont pas des révolutionnaires, ce sont des réformistes. Les électeurs réformistes, eux, votent Macron. C'est pourquoi, même si on ne voue pas aux gémonies les enquêtes d'opinion, elles ne disent rien de ce qui peut se passer en 2022. Le score que peut faire Macron n'aura rien à voir avec ses soucis actuels, ils les aura surmontés, et j'imagine qu'il ne va pas lancer une nouvelle réforme en février 2022. Et c'est pourquoi nous finirons par nous retrouver, très probablement, avec le cas de figure de 2017 : un premier tour avec sa bousculade de concurrents qui vont se partager un gâteau bien trop petit. Bien entendu, les Républicains vont tout faire pour émerger enfin, sans doute avec un candidat sympathique ; bien entendu, Mélenchon va tenter sa chance, mais il a réussi à se mettre tout le monde à dos, y compris ceux qui pouvaient lui apporter des troupes fraîches. Mais la moins improbable des hypothèses, c'est un second tour opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron. Et d'après vous, qui va l'emporter ?
Partout dans les oppositions, on dénonce ce scénario que l'on attribue à la stratégie de Macron. Faux. Ce n'est pas une stratégie, c'est la volonté des électeurs. À quoi s'ajoute la préoccupation de nombreux Français : ils ne veulent pas du Rassemblement national au pouvoir. Ils sont de droite ou de gauche, mais ils préfèrent Macron à Marine. Sauf si Baroin enchante la France ou si Pécresse la séduit, sauf si Bertrand la fascine ou Ségolène (aucune chance) l'entraîne, la bataille du second tour sera celle d'un 2017-bis.