La remarquable mise en scène de « Billy Budd » (1), opéra de Benjamin Britten d’après Herman Melville, par Deborah Warner au Teatro Real de Madrid en 2017, a reçu le prix de la meilleure production des International Opera Awards en 2018. Elle le mérite, tant elle est d’une beauté pure, fidèle au texte et à l’esprit de l’œuvre et suprêmement interprétée.
Deborah Warner avait déjà abordé Britten pour l’English National Opera en 2013, avec un « Mort à Venise » resté célèbre et un « Turn of the Screw » historique. Pour « Billy Budd », on regrette seulement l'actualisation des costumes du XVIIIe, qui n’apporte rien à la compréhension de cette magnifique parabole sur l’amour et la rédemption. Jacques Imbrailo reprend le rôle du marin, dans lequel il avait débuté à Glyndebourne en 2010. Il a énormément gagné en intériorité et en mystère. Tous les personnages sont bien campés, avec un Claggart moins brutal mais plus torturé qu’à l’habitude (Brindley Sherrat). Hautement recommandé.
À Bayreuth, Katharina Wagner suit les metteurs en scène d’aujourd’hui, au gré de leurs caprices et de leurs folies. Rien de personnel ! De son bilan piteux, on peut sauver « Die Meistersinger von Nürnberg » (2) du festival 2017, mis en scène par l’audacieux australien Barrie Kosky, patron du Komische Oper Berlin. On est chez les Wagner à la Villa Wahnfried, avec Cosima et Liszt et ...le compositeur. Puis l’histoire se déroule jusqu’au Tribunal de Nuremberg. Le pari est insensé mais fonctionne à merveille. C’est probablement ce que l’on a vu de plus intelligent sur la Colline sacrée depuis la Tétralogie du centenaire par Chéreau. Philippe Jordan, comme à Paris, dirige avec une finesse et un sang-froid qui forcent l’admiration. La distribution est inégale, on attend mieux de Bayreuth, mais orchestre et chœur du festival sont superlatifs.
Féerique
Le couplage de « Iolanta » et « Casse-Noisette » de Tchaïkovski (3) qu'a proposé l’Opéra de Paris en 2016 au Palais Garnier dans la mise en scène brillante de Dmitri Tcherniakov est celui de leur création en 1892 à Moscou. La mise en miroir de ces deux contes initiatiques a inspiré au metteur en scène russe (aidé des chorégraphes Sidi Larbi Cherkaoui, Édouard Lock et Arthur Pita) un de ses meilleurs spectacles vus à Paris. Le soprano bulgare Sonya Yoncheva y faisait des débuts fracassants dans la princesse Iolanta et on découvrait la basse ukrainienne Alexander Tsymbalyuk. Alain Altinoglu dirige avec un raffinement inouï ces deux œuvres idéales à regarder en famille en période de fêtes. L’Opéra de Paris reprendra ce spectacle, avec une distribution entièrement renouvelée, du 10 au 22 mai 2019.
(1 et 3) 1 DVD et un BRD BelAir classiques (2) 2 DVD Deutsche Grammophon Universal
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