Cinq spectacles à Paris

Le temps des reprises

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Publié le 01/03/2018
Theatre-N. Bouchaud 1

Theatre-N. Bouchaud 1
Crédit photo : JEAN-LOUIS FERNANDEZ

Theatre-N. Bouchaud 2

Theatre-N. Bouchaud 2
Crédit photo : JEAN-LOUIS FERNANDEZ

Honneur à Karin Viard, qui reprend le rôle-titre de « Vera » (1), pièce de l’écrivain tchèque contemporain Petr Zelanka. Vera dirige une agence de comédiens, à Prague. Tout semble lui réussir. Toute son énergie passe dans le travail et rien ne semble devoir entamer sa personnalité. Mais, bientôt, elle va glisser dans un gouffre. Dirigée, avec une poignée d’excellents interprètes, par Marcial Di Fonzo Bo et Élise Vigier, Karin Viard est prodigieuse. Aussi drôle – car l’on rit énormément – que pathétique, la comédienne puise dans une palette très vaste et nuancée. À voir vraiment  ! 

Jacques Gamblin aime concocter des spectacles qui s’appuient sur des situations et des textes poétiques qu’il écrit lui-même. Le public a adoré « le Toucher de la hanche » (1997) et « Tout est normal, mon cœur scintille » (2010), entre autres. Avec « 1 heure 23’ 14” et 7 centièmes » (2), Gamblin abandonne un peu le texte pour s’adonner, avec le danseur Bastien Lefèvre, à une série d’exercices chorégraphiques, comme si un spectacle naissait devant nous. C’est harmonieux et touchant, mais on devine le public qui l’aime un peu décontenancé.

Pensée et témoignages

Nicolas Bouchaud est un excellent comédien de troupe, qui travaille notamment avec Jean-François Sivadier, et qui aime, de temps en temps, s’aventurer dans des formes plus légères. Il met la barre assez haut en posant une question  : « On veut vérifier qu’il est possible de faire du théâtre avec de la pensée.  » Des pensées qui ne pèsent pas  : celles de Serge Daney sur le cinéma (« la Loi du marcheur »), celle de John Berger sur la vie de médecin (« Un métier idéal »), celle de Paul Celan sur les paysages (« le Méridien »). À voir ou revoir (3).

C’est un moment très pur et bouleversant, que vous pouvez retrouver ou découvrir si vous en avez raté la création, il y a quelques semaines. Benjamin Guillard met en scène Raphaël Personnaz, très sobre, dans l’adaptation du texte d’Antoine Leiris, dont la femme a été tuée au Bataclan, « Vous n’aurez pas ma haine » (4). C’est pudique, profond, avec de la musique, discrète.

Après avoir enthousiasmé New York où la troupe a joué plusieurs semaines durant, le Théâtre du Soleil retrouve la Cartoucherie avec « Une chambre en Inde » (5). Rappelons qu’il s’agit d’une création collective. Elle imagine une troupe de théâtre qui est au loin, en Inde, alors qu’ont lieu les attentats de Paris. Que faire  ? Comment témoigner  ?

(1) Théâtre de Paris, pas de date de fin. Tél. 01.48.74.25.37, www.theatredeparis.com
(2) Rond-Point, grande salle, jusqu’au 18 mars. Tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr
(3) Rond-Point, « La Loi du marcheur » du 7 au 18 mars, « Un métier idéal  » du 20 au 31 mars, « Le Méridien  », du 4 au 14 avril. Tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr
(4) Théâtre de l’Œuvre, du 2 mars au 8 avril. Tél. 01.44.53.88.88, www.theatredeloeuvre.com
(5) Théâtre du Soleil, jusqu’au printemps. Tél. 01.43.74.24.08, www.theatre-du-soleil.fr

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin: 9644