À 97 ans, le Dr Christian Chenay a hérité du titre de « plus vieux médecin de France ». Dans un ouvrage romancé mais largement autobiographique*, ce généraliste exhorte les seniors à résister au « jeunisme » et raconte plus d'un demi-siècle d'une carrière démesurée.
Ses déboires commencent avant sa naissance à Angers, juste après la première guerre mondiale. Son père, Irlandais catholique, ne veut pas d'enfant. Enceinte, sa mère tente de se faire avorter avec de la quinine à haute dose puis une aiguille à tricoter, sans succès. Lorsque la seconde guerre mondiale éclate, l'auteur termine sa scolarité à Angers. Il s'inscrit en école de médecine, tout en travaillant en tant que soudeur. Arrivent les réquisitions pour le service du travail obligatoire (STO), qu'il refuse : le jeune carabin saute du train qui l'emmène vers l'Allemagne, quelques km avant la frontière à Saint-Avold (Moselle). Blessé, il réussit à regagner Paris puis Nantes, en zone occupée, où il reprend ses études de médecine.
En troisième année, il devient « interne » en psychiatrie dans un hôpital dirigé par un médecin allemand. À la Libération, il poursuit au sein des hôpitaux psychiatriques de la Seine, puis fait de la chirurgie dans les établissements de la Croix-Rouge. Il y côtoie un chef de service toxicomane, dont l'épouse a tenu l'une des dernières fumeries d'opium de Paris, mais aussi un directeur qui, « ne connaissant rien à la comptabilité ni à la médecine, tente de terroriser tout le monde ».
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Après le décès de son chef, l'interne est renvoyé et devient chercheur en physiologie et neurosciences à la Sorbonne. Il part en Californie, connaît une passion platonique avec une jeune femme navajo puis revient en France après le décès accidentel de celle-ci.
De la recherche, il repasse à la médecine, se spécialise en radiologie, constitue une clientèle dans un cabinet de groupe et épouse une institutrice qui devient sa secrétaire médicale. Le médecin connaîtra un braquage et une mise en cause par l'assurance-maladie pour ses prescriptions. Il porte un jugement sévère sur l'époque. La médecine française ? Elle est devenue « une des plus inégalitaires et dispendieuses ». L'assurance-maladie est « une de ces usines à gaz dont notre pays a le secret », condamnant les médecins « à remplir des papiers inutiles qui iront dans les poubelles d'une administration qui les méprise ».
Ces bouleversements n'ont pas découragé le médecin, qui continue d'exercer en zone fragile – son cerveau a résisté « malgré ou grâce au stress ». Il appelle les seniors à se « réveiller ». « N'ayez pas peur ! », conclut-il.
* « Et si la vieillesse n'était pas un naufrage ? », éd. Atramenta, 201 p., 13,50 €.
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