THEATRE - « Un soir, une ville… », de Daniel Keene

Au cœur de la solitude urbaine

Publié le 11/01/2012
Article réservé aux abonnés
1326248276313009_IMG_74985_HR.jpg

1326248276313009_IMG_74985_HR.jpg
Crédit photo : B. ENGUERAND

DANIEL KEENE, la cinquantaine, est un écrivain qui, par la grâce de metteurs en scène qui sont de grands artistes (à commencer par Jacques Nichet, qui fut le premier à le monter), d’une traductrice très fiable qui sait rendre en français une écriture précise et musicale, Séverine Magois, d’une maison d’édition qui le suit (Théâtrales), a pris une place centrale dans le paysage contemporain en France. Keene excelle à rendre compte, par des moyens simples, de la réalité humaine dans le monde occidental d’aujourd’hui, dans la société libérale sans douceur qui est la nôtre, du monde anglo-saxon lointain à la vieille Europe.

C’est la troisième fois que Didier Bezace signe un spectacle à partir des textes de Daniel Keene. Dans « Un soir, une ville… », trois pièces courtes, trois nouvelles, trois instantanés pris comme à la dérobée dans le paysage urbain réinventé ici avec intelligence par Jean Haas. Une scénographie qui se transforme pour chaque volet, dans des lumières de Dominique Fortin. Trois fois deux personnages, un père sans travail et son petit garçon d’une dizaine d’années (Patrick Catalifo, exceptionnel, et Simon Gérin, en alternance avec Maxime Chavalier-Martinot), un homme représentant de commerce et un marginal (Daniel Delabesse, Thierry Levaret), une fille et sa mère qui perd la tête (Sylvie Debrun et Geneviève Mnich). Chaque fois, il s’agit d’amour, de mouvements contradictoires du cœur et de la raison, de l’ambivalence de l’amour. C’est vrai et déchirant.

Inutile d’en dire plus. C’est fin, profond, mis en mouvement avec grande intelligence et délicatesse par Didier Bezace, interprété au plus haut par ces comédiens d’une sensibilité immense. Le rythme est bon, un film, images d’un périphérique de grande ville, sépare et lie les épisodes. Un des meilleurs des spectacles à l’affiche.

Théâtre de la Commune d’Aubervilliers (tél. 01.48.33.16.16), mardi et jeudi à 19 heures, mercredi, vendredi, samedi à 20 h 30, dimanche à 16 heures. Durée : 2 h 30 sans entracte. Jusqu’au 29 janvier.

ARMELLE HÉLIOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9063