« Le pic des départs à la retraite de la spécialité est désormais derrière nous », s’est réjoui ce 16 octobre le Dr Vincent Dedes, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) en présentant les résultats de la septième enquête annuelle des délais de rendez-vous en ophtalmologie.
Conséquence directe, « une amélioration continue des délais d’attente pour les nouveaux patients ». Au regard de l’étude réalisée par le CSA pour le Snof, le délai médian pour un contrôle périodique pris par téléphone ou Internet s’établit désormais à 18 jours contre 66 jours en 2019, soit une diminution de 70 %.
Des résultats d’autant plus appréciables qu’ils interviennent dans un contexte chahuté pour le secteur. Une centaine de centres ophtalmologiques frauduleux ont fait l’objet d’une fermeture par l’Assurance-maladie depuis deux ans, l’un d’entre eux étant accusé d’avoir détourné près de 80 millions d’euros, dénonce le Dr Vincent Dedes, appréciant le travail réalisé par la Cnam de trier le bon grain de l’ivraie.
Capacité d’adaptation
Reste qu’« avec un volume d’actes en progression de 2,8 % sur un an, les ophtalmologistes démontrent leur capacité d’adaptation et leur engagement à garantir un accès équitable aux soins », se félicite le syndicat. « Cette année, la moitié des nouveaux patients accède à un rendez-vous en moins de 20 jours et un quart en moins d’une semaine. Ces progrès montrent que nous avons franchi un cap démographique et organisationnel », analyse le Dr Dedes. Et ce, quels soient le motif et la modalité de prise de rendez-vous.
L’étude*, menée par téléphone via des appels mystère, s’est focalisée sur deux motifs de consultation pour un nouveau patient : le contrôle périodique de la vue et la présence de nouveaux symptômes (points noirs, filaments, etc.) nécessitant une consultation rapprochée, sans que celle-ci constitue une véritable urgence.
Dans le cas d’une demande de contrôle périodique (scénario 1), le délai médian par téléphone passe de 43 jours en 2019 à 20 jours en 2025 (-54 %), ce qui équivaut à « une diminution de plus de trois semaines en six ans ». Quant aux demandes de rendez-vous en ligne pour ce même motif, le délai médian tombe à 16 jours, soit quatre jours de moins que par téléphone. Une dynamique portée par Doctolib, qui concentre 90 % des usages. Pour les cabinets, ces outils ont fluidifié l’organisation et réduit significativement la charge des secrétariats.
Et pour les consultations « pour une apparition de symptômes », nécessitant un rendez-vous rapide (scénario 2), l’amélioration est encore plus significative. Le délai médian passe de 10 jours en 2019 à quatre jours en 2025, soit une baisse de 60 %. Ces résultats s’accompagnent d’une hausse de la proportion de rendez-vous obtenus (+14 % depuis 2019).
Il n’empêche, tout le monde n’est pas à égalité dans l’accès rapide à un ophtalmo. Les disparités régionales sont toujours présentes, même si, là aussi, les délais d’attente diminuent presque partout sur le territoire, sauf en Bourgogne Franche-Comté et en Corse.

Travail aidé, cabinets de groupe et délégations de tâches
La diminution des délais s’observe particulièrement dans les communes rurales et urbaines de moins de 200 000 habitants (qui partaient de plus loin). Pour une demande de contrôle périodique, la baisse enregistrée est comprise entre 57 % et 65 % depuis 2019 selon les territoires. Et en cas d‘apparition de symptômes, la réduction des délais atteint 71 % dans les petites communes.
Une tendance de fond qui, selon le Snof, s’explique par le développement des cabinets secondaires permettant aux ophtalmologistes de combiner une activité sur plusieurs sites. « Les résultats de cette année révèlent le potentiel de l’organisation mise en place par la filière visuelle : travail aidé, cabinets de groupe, délégations de tâches aux orthoptistes et assistants médicaux, optimisation des protocoles », analyse Vincent Dedes.
Et de mettre en exergue la formule gagnante de la collaboration actée entre « les trois O » : ophtalmologistes, opticiens et orthoptistes. Toutes raisons pour lesquelles le chef de file du syndicat avance, parmi les prochaines pistes d’amélioration, le développement du travail en équipe grâce au renforcement de la coordination ville/hôpital mais surtout la constitution d’équipes de soins spécialisées (ESS) en ophtalmologie.
* Échantillon de 2 466 ophtalmologistes exerçant hors hôpital soit plus de la moitié de l’effectif total en France (52 %), contactés par téléphone par l’institut de sondage CSA du 30 mai au 14 juin 2025 (appels mystère)
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