« Cela me rendait malade de penser que des gens se retrouvaient sans médecin », confie le Dr Édouard de Montgolfier, médecin généraliste âgé de 78 ans et à la retraite depuis 2011. Dans les années 1980, au moment où il fonde le cabinet à Quintenas, commune du nord de l’Ardèche, six généralistes exerçaient. Désormais, un seul médecin répond aux besoins d’une population en hausse de 20 %.
Cette situation, le Dr Édouard de Montgolfier ne pouvait pas s’y résoudre. La voix pleine d’émotion, il souligne qu’il connaît les habitants et a participé à la fondation du cabinet de Quintenas. Il lui est « impossible de les laisser dans cette situation ». C’est début 2024, lorsqu’un confrère fraîchement retraité lui annonce qu’il n’a pas trouvé de successeur après deux ans de recherches que le déclic survient. « On ne pouvait pas laisser le village et les dix communes aux alentours, soit environ 10 000 habitants, sans médecin. Il fallait agir », raconte le Dr de Montgolfier.
En juin 2024, avec son épouse, infirmière, il prend contact avec l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural), une structure située à sept kilomètres de Quintenas. Ils ouvrent, ensemble, une antenne locale qui permet d’engager des médecins sous un statut de salarié et le médecin part à la recherche de confrères prêts à l’épauler. Objectif : constituer une petite équipe de cinq praticiens retraités. Le pari est réussi : les Drs Élodie Favro d’Annonay, Jean-Michel Fournet de Saint-Rambert-d’Albon, Maurice Champion d’Anneyron, Nicolas Prothon de Saint-Vallier et Pierre Rimaud de Davézieux se lancent aussi dans l’aventure.
Depuis février 2025, cette « bande de médecins très motivés et un peu fous », comme ils aiment à se qualifier, se relaient chacun exerçant seul une semaine à tour de rôle, les mardis, mercredis et vendredis. Ils examinent 25 à 30 patients par jour. Quelques visites à domicile complètent l’activité. En tout, près de 2 000 actes ont déjà été réalisés. Cette nouvelle structure mise en place leur permet de bénéficier d'une secrétaire dédiée. « C’est la première fois de ma carrière que j’en ai une, et c’est vraiment très agréable », concède avec satisfaction le Dr de Montgolfier.
Une solution d’urgence temporaire
Une organisation qui séduit les habitants. « Ils sont ravis, d’autant plus qu’on leur accorde plus de temps pendant les consultations. On ne compte pas nos minutes, et on traite l’ensemble des problèmes dans un seul rendez-vous », souligne-t-il. Avant de conclure : « Ce n’est pas une activité dont nous vivons, c’est un engagement, une passion. Mais c’est, je crois, une piste pour répondre aux déserts médicaux dans les communes qui rencontrent des situations similaires. »
« C’est une solution temporaire, le temps de trouver de jeunes médecins. À nos âges, il peut nous arriver des soucis », reconnaît le praticien avec lucidité. Les six médecins cherchent activement une relève, par le biais de la faculté, de la mairie et d’annonces. Après moult réflexions, ils ont convenu que « l’idéal serait un couple de médecins qui se répartiraient la semaine. Cela éviterait le problème de trouver du travail dans la commune à l’autre conjoint ».
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