Paru au Journal officiel le 13 août dernier, un décret définit les nouvelles règles du jeu pour les médecins retraités qui choisissent de continuer à exercer sous le statut du cumul emploi-retraite. Si ce texte réglementaire consacre l'exonération de cotisations d'assurance vieillesse de base pour les praticiens, ces derniers doivent désormais obéir à plusieurs conditions pour en bénéficier.
Principale condition, ils doivent exercer dans des déserts médicaux précis. En l’occurrence, les zones d’intervention prioritaire (ZIP). En clair, les territoires identifiés comme étant en déshérence médicale intense. Ne sont donc pas concernés les médecins exerçant dans les zones d’action complémentaire (ZAC), pourtant également considérées (mais dans une moindre mesure), comme sous-denses en termes de démographie médicale.
De plus, l’exonération des praticiens retraités en cumul emploi-retraite, généralistes comme spécialistes, est plafonnée dans la limite de 70 000 euros de revenus annuels, précise le décret. Un changement des règles du jeu qui s’applique désormais à une population médicale sans cesse croissante. En effet, selon les derniers chiffres de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf), le nombre de médecins en cumul emploi-retraite, entre le 1er janvier 2006 et le 1er janvier 2025, est passé de 526 à 14 285…
Évolution du nombre de médecins en cumul au 1er janvier 2025

Pour mémoire, les députés avaient voté en octobre dernier, une exonération de toutes les cotisations vieillesse pour l'ensemble des médecins en cumul emploi-retraite. Sans aucun plafond de revenus. Pour autant, face à de possibles effets d’aubaine, les membres de la commission des Affaires sociales étaient ensuite revenus sur cette mesure.
Mais selon la Carmf, jointe par Le Quotidien, le décret publié ce 13 août ne résout en rien la question. Pire, il serait même contre-productif. « Ça ne va pas du tout avoir les effets escomptés. Les médecins qui vont atteindre ce seuil de 70 000 euros vont arrêter leur activité une fois qu’ils l’auront atteint, pour ne pas perdre leurs exonérations. Cette mesure ne permettra sans doute pas d’augmenter le temps médical disponible ; mais, au contraire, elle risque d’encourager les départs en retraite anticipée », diagnostique la Caisse de retraite des médecins.
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