A la veille d’une énième réforme de l’obligation de FMC attendue pour la fin de l’année, une étude très détaillée montre que les médecins généralistes sont très nombreux à suivre des sessions de formations. Mais seul un sur trois a déjà réalisé une évaluation de sa pratique. La complexité du système laisse encore perplexe les praticiens. Et, dans ce contexte, la refonte du «développement professionnel continu» devra simplifier le dispositif de FMC.
Treize ans après l’instauration de la FMC obligatoire, les médecins généralistes n’ont pas attendu sa mise en place effective pour se former. Tel est l’enseignement majeur de la dernière étude du service statistique du ministère de la Santé sur le sujet qui a été diligentée il y a dix huit mois dans cinq régions. Au total, 1 905 praticiens de Basse-Normandie, Bourgogne, Bretagne, Pays-de-Loire et Paca ont donc été interrogés sur leurs habitudes en matière de FMC et d’EPP. Un premier constat s’impose, plutôt favorable à la réforme de la FMC poursuivie par Roselyne Bachelot. En effet, alors que celle-ci s’apprête à supprimer la FMC à points au motif que les médecins sont assez grands pour se former comme ils l’entendent, l’étude de la Drees montre que huit médecins sur dix ont participé à au moins une session collective de FMC et les trois quarts déclarent se former individuellement. Finalement, "seule une infirme minorité", 5% selon les enquêteurs, ne ressentent pas le besoin de se former. Et dans ce contexte, les associqations de FMC ou groupe de pairs font recettes : deux médecins sur trois y sont affiliés.
La dynamique du DPC (Développement professionnel continu) portée par la réforme est-elle pour autant assurée de réussir ? Voir... L’enquête montre qu’il y a encore du chemin à parcourir pour convertir les médecins à cette démarche qui combine FMC et EPP et met l’accent sur la seconde. Seul un tiers des médecins de famille a déjà participé à une session d’évaluation des pratiques professionnelles. Certes, un autre tiers envisage de le faire et 12% ne se prononcent pas, mais ce n’est pas la ruée sur l’EPP, cinq ans après que la réforme Douste l’ait rendu obligatoire.
EPP : des règles du jeu trop floues
La Drees met en évidence que les réticences et hésitations des médecins sont encore nombreuses face à l’EPP. Ainsi, parmi ceux qui ne participent pas à une évaluation, plus d’un tiers (34,1%) dit ne pas connaitre la démarche et près de la moitié se plaint de n’être pas suffisamment informé (47,4%) ou considère que "les modalités pratiques d’application restent insuffisamment claires" (46,7%). On retire donc de l’étude, la nécessité de mieux flécher, de mieux expliquer l’EPP aux médecins. Et, plus préoccupant, 35% des enquêtés jugent que le processus n’est "pas adapté à leurs besoins"... Au final, qu’il s’agisse de FMC ou d’EPP, il semble que les médecins ont encore une perception assez floue des règles du jeu: en 2008, 41% des généralistes s’estimaient bien informés sur le barème de crédits de FMC et 39% seulement sur les conditions requises pour la validation de l’EPP.
Attendu pour la fin de l’année, le DPC devra donc absolument gagner en simplicité par rapport aux dispositifs qui se sont succédés. Il devra aussi s’adapter aux attentes des médecins. Dans le détail, on s’aperçoit en effet que ceux qui pratiquent la FMC et l’EPP sont souvent les mêmes. Et sont aussi les plus investis par ailleurs dans la permancence de soins ou les réseaux par exemple. Comme si les journées des uns étaient plus extensives que celles des autres.
75 % des praticiens se forment seuls
Le profil type du médecin qui se forme ? Il suit une session par mois ou plus pour plus de la moitié du panel. Parallèlement, il lit plus les revues et reçoit davantage les visiteurs médicaux que celui qui ne se forme pas. "Les médecins les plus soucieux d’accès à l’information s’intéressent aussi à l’information délivrée par les visiteurs médicaux qui peuvent offrir des sessions de FMC", soulignent les auteurs de l’étude. La Drees nous apprend aussi que plus de trois praticiens sur quatre se forment aussi seuls : en lisant revues médicales et ouvrages ou en s’adonnant au e-learning. Il Enfin, dans l’appétence pour la FMC ou l’EPP, le fait d’exercer en milieu urbain joue un rôle. Le sexe ou l’ancienneté dans la profession n’explique pas les différences d’investissement. Mais, curieusement, le fait d’adhérer, d’aprécier et d’utiliser les recos ne prédispose pas à suivre davantage que les autres formations ou séminaires d’évaluation.