Les Haut-Normands ont de la suite dans les idées. Après une étude réalisée en janvier 2009 qui auscultait l’état de santé des praticiens libéraux de la région, une solution s’est depuis organisée pour répondre aux besoins de ses médecins. Le nom du dispositif ? Imhotep. Il a vocation à terme à offrir un service de médecine préventive aux 2 900 libéraux du territoire. Mode d’emploi de ce dispositif.
Ils sont pour l’heure cinquante médecins libéraux à avoir adhéré à Imhotep. Imhotep ? « C’est l’association que nous avons créée en décembre dernier qui a pour vocation de proposer aux médecins volontaires de Haute-Normandie un programme de médecine préventive basé sur leurs facteurs de risques personnels et professionnels », explique le chef de file du projet, le Dr Pierre Hurtebize. Il faut dire que l’état de santé des praticiens libéraux de la région, dont la moyenne d’âge oscille entre 55 et 60 ans, n’est pas des plus brillants. C’est ce que faisait ressortir une étude inédite menée il y a deux ans (voir Le Généraliste n° 2475). « Nous avons voulu proposer des solutions, avec l’appui, entre autres partenaires, du CHU de Rouen », poursuit le Dr Hurtebize.
Un questionnaire santé détaillé
« Concrètement, nous avons adressé un courrier explicatif à tous les médecins libéraux. Les volontaires reçoivent ensuite un questionnaire santé détaillé d’une quinzaine de pages », développe le pilote des consultations, le Dr Antoine Kuntz, un praticien rouennais, médecin du travail de formation et qui a participé à l’étude d’il y a deux ans. Une manière de gagner du temps pour le rendez-vous qui suivra. Tout y passe, de la mise à jour des vaccins aux électrocardiogrammes, en passant par les tests visuels réalisés au centre de médecine du travail le plus proche du cabinet ou du domicile du « médecin consultant ». Et, en cas de glaucome ou « s’il faut une consultation de cardio ou de psy », le Dr Kuntz oriente le praticien vers le spécialiste adapté.
La durée de cette consultation initiale est comprise entre une heure et une heure quarante. Selon Antoine Kuntz, « la grande majorité des médecins ne vient pas pour un problème particulier mais veut s’inscrire dans le cadre d’un dépistage organisé ». Mais le jeune médecin de prévention reconnaît avoir été étonné du peu d’attention que ses confrères accordent à leur propre état de santé. « En règle générale, la dernière fois qu’ils ont fait un bilan complet, c’était par exemple à l’occasion d’une demande de prêt immobilier », compagnie d’assurance oblige. Et à l’arrivée, un « certain nombre d’entre eux » souffre en effet de pathologies assez lourdes.
« C’est toute la raison d’être de notre dispositif », renchérit le Dr Hurtebize. Avec évidemment à la clé, anonymat et confidentialité garantis pour ces patients particuliers. « Nous ne sommes pas là pour fliquer les confrères malades auprès des diverses institutions, mais bien pour leur proposer une prise en charge adaptée », insiste le président d’Imhotep, par ailleurs secrétaire général adjoint de l’Ordre de Seine-Maritime (voir entretien).
Ils sont donc pour l’instant une cinquantaine à l’avoir rejoint. Il faut dire que le mode d’entrée dans le dispositif est simple. Après avoir retourné le bulletin d’adhésion * assorti d’un chèque annuel de 66 euros, un rendez-vous est pris par téléphone avec le Dr Kuntz.
Attirer 50 % des médecins hauts-normands
Et le Dr Hurtebize espère bien que le nombre de médecins adhérents montera en puissance assez vite. « Dans l’absolu, on aimerait avoir 50 % des quelque 3 000 médecins de la région. Ce serait une très grande réussite, sachant que par comparaison, la médecine préventive des hospitaliers tourne aujourd’hui à peine à 20 % ». Mais un seul praticien pourra-t-il suivre seul, autant de confrères ? « Aujourd’hui, le ratio national pour la médecine du travail, c’est un médecin pour 5 000 salariés. Donc on a un peu de marge, mais évidemment, si nous parvenons à toucher un nombre croissant de confrère, nous pourrons essayer de nous adjoindre des aides supplémentaires pour assister le Dr Kuntz », répond Pierre Hurtebize.
En attendant, le message continue à être diffusé auprès des médecins normands. Et un premier rendez-vous est pris pour une évaluation d’Imhotep à l’automne. Parallèlement, les membres fondateurs de l’association sont en contact avec des homologues en Angleterre, en Suisse et en Espagne « qui expérimentent une initiative similaire à la nôtre ». A suivre.
Association Imhotep, BP 11366. 76179 Rouen Cedex 1