En 2007, Georges-Olivier Châteaureynaud remportait le Grand Prix de l’Imaginaire avec « l’Autre Rive », qui, dans un univers parallèle au nôtre, avait pour cadre Écorcheville, bâtie sur l’autre rive du Styx. Des années plus tard, le maître du fantastique (prix Renaudot 1982 pour « la Faculté des songes », prix Goncourt de la nouvelle 2005 pour « Singe savant tabassé par deux clowns ») conclut son diptyque en nous plongeant, de nos jours, dans un château de l’arrière-pays, une construction changeante qui abrite des personnages improbables. « À cause de l’éternité », une fiction d’aventures aux péripéties multiples, dans un environnement hanté de créatures venues de la mythologie, qui nous confronte de nouveau à nous-mêmes et à nos questions éternelles (Grasset, 702 p., 29 €).
Romancière et essayiste (« Voix sans issue », « Histoire d’une dépression », « les Vieux ne pleurent jamais »), Céline Curiol conjugue ses goûts de l’invention et de l’analyse dans « les Lois de l’ascension ». Dans le quartier de Belleville, à Paris, pendant quatre journées, une par saison de l’année 2015, six hommes et femmes (journaliste, psychiatre, retraité, enseignant, chômeur, lycéen) vont, au fil de rencontres et d'interactions, se pencher sur leur trajectoire, choisie ou imposée, et sur l’essence même de leur être, dans le but de réinvestir leur existence. Une grande fresque sociale et intime en lien avec l’actualité (Actes Sud, 837 p., 25 €).
Les amateurs de suspense connaissent Dolores Redondo par le livre, « Tout cela je te le donnerai », prix Planeta 2016, ou par le film, puisque Netflix s’est emparé de la trilogie de la vallée du Batzán, traduite en 36 langues, « le Gardien invisible », « De chair et d’os » et « Une offrande à la tempête ». Avec « la Face nord du cœur », l’auteure espagnole nous offre une préquelle de cette trilogie : l’inspectrice Amaia Salazar, venue suivre une formation de profileuse au siège du FBI, part sur les traces du Compositeur, qui assassine des familles entières lors des grandes catastrophes et laisse un violon sur le lieu de ses meurtres. Les chapitres font alterner l’enquête à la Nouvelle Orléans, dévastée par l’ouragan Katrina en 2005, et le passé de la policière, qui vient la rattraper (Gallimard, 683 p., 20 €).
Destins dans l'Histoire
Souvent récompensée pour avoir mis en lumière les incroyables destins de femmes oubliées par l’Histoire, Alexandra Lapierre dévoile la vie de « Belle Greene ». Au début des années 1900, Belle da Costa Greene devint à force de volonté la directrice de la bibliothèque du magnat J. P. Morgan, brassant des millions de dollars pour l’achat et la vente de manuscrits, livres et œuvres. Belle, mondaine, érudite, audacieuse, elle était la fille « secrète » de R. T. Greener (le premier « Noir » à être diplômé de l’université de Harvard en 1870), ce qui aurait pu lui valoir un lynchage ou, au mieux, un procès et la prison (Flammarion, 536 p., 22,90 €).
Née à Séoul, Min Jin Lee a immigré aux États-Unis à l’âge de 7 ans. C’est à Tokyo, où elle a vécu un temps, qu’elle a écrit « Pachinko », finaliste du National Book Award et resté plus d’un an en tête des meilleures ventes dans la liste du « New York Times ». Le roman suit le destin sur huit décennies et quatre générations d’une famille coréenne rejetée par deux pays après que, au début des années 1930, une jeune fille enceinte d’un riche étranger a refusé de devenir sa seconde épouse et s’est mariée à un pasteur chrétien qui lui proposait une nouvelle vie au Japon. Une saga familiale autour de vies ordinaires aux prises avec l’histoire et secouées par des questions d’identité, de discriminations et de survie (Charleston, 617 p., 23,90 €).