Les 2e assises françaises de sexologie et de santé sexuelle (SSS), œuvre conjointe de la SFSC et de l’AIHUS* ont permis d’éclairer « le couple et sa sexualité » sous tous ses angles. La technique est-elle soluble dans le thérapeute ?
Quel est la meilleure prise en charge possible en sexothérapie ? Celle que le sexologue maîtrise, serait-on tenté de répondre après avoir entendu les meilleurs experts français du sujet réunis à Paris lors de ces deuxièmes Assises française de SSS (Sexologie et santé sexuelle). Et Mireille Bonierbale (psychiatre sexologue, CHU Ste Marguerite, Marseille), coordinatrice scientifique du congrès, de le souligner, les modèles et les techniques d’intervention ne comptent que pour 15% dans les changements observés pur les couples suivis, soit deux fois moins que les facteurs liés à la relation patient-thérapeute ! Une remarque qui explique l’enthousiasme de beaucoup d’intervenants pour l’approche thérapeutique qu’ils pratiquent eux-mêmes. Pierre Benghozi (psychiatre et psychanalyste, Hyères) propose de « penser avec les référents de la psychanalyse de groupe, cet objet particulier qu’est le couple » avant d’inviter le thérapeute à « faire le deuil de la maîtrise du changement et de faire confiance aux ressources créatives du couple ». Un chemin emprunté par François Xavier-Poudat (Nantes) partisan de l’approche solutionniste, dans lesquelles il s’agit de construire avec le patient, en puisant dans ses ressources, celles dont il a besoin pour induire le changement.
S’adapter au couple
Pour Robert Neuburger (Psychiatre, Paris), « faire prendre conscience au couple de la circularité lassante de leurs comportements respectifs est déjà extrêmement important. On va alors considérer que la circularité dans laquelle ils sont n’est pas le problème mais la solution qu’ils ont trouvé pour éviter d’avoir à aborder le(s) vrai(s) problème(s)) ». Conclusion tout en nuance du président de la SFSC, Marc Ganem (Paris) : « On ne peut pas adapter le couple à nos outils mais on doit adapter nos outils aux couples ». Le psychiatre Philippe Brenot (Directeur d’enseignement de sexologie à Paris V) regrette toutefois que l’on sache « très bien théoriser le sujet, la fonction, l’organe mais si peu théoriser le couple ». D’où peut-être l’appel de François Giuliano (Garches) : « On ne dispose pas d’une méthodologie appropriée pour étudier la sexualité du couple. C’est un formidable champ de recherche pour les sociétés savantes ».