Jusque dans sa mort, le Pr Luc Montagnier a dérangé. Son décès, à l'âge de 89 ans le 8 février à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, d'abord annoncé par FranceSoir, n'a été confirmé que deux jours plus tard par la mairie, alimentant entre-temps les théories du complot sur la toile.
Car l'homme a eu deux vies. Né le 8 août 1932 dans l'Indre, il s'engage dans une carrière de chercheur en virologie après ses études de médecine. En 1972, il crée une unité d'oncologie virale au sein de l'Institut Pasteur, où le rejoignent Jean-Claude Chermann et Françoise Barré-Sinoussi, avec lesquels il découvre en 1983 le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), pour lequel il recevra le prix Nobel de médecine en 2008.
Mais dès les années 2000, le Pr Montagnier reprend les thèses les plus controversées, de la mémoire de l'eau à la promotion de la papaye comme remède. Ses attaques contre les vaccins lui valent en 2017 la condamnation des Académies des sciences et de médecine. Qu'importe, lors du Covid, il soutient que le Sars-CoV-2 est le résultat d'une manipulation en laboratoire. Autant de sorties qui l'ont mis au ban de la communauté scientifique, tout en lui attirant la sympathie des antivax.