MG France « lance l’alerte ». Dans un communiqué, le premier syndicat de médecins généralistes fait état de son inquiétude quant à la future réforme de la quatrième année d’internat de médecine générale, qui doit entrer en vigueur à partir de l’automne 2026. Et pour cause : lors d’une réunion de travail organisée le 7 mai 2025 pour mettre en place le comité de suivi promis par Yannick Neuder en janvier, le ministère de la Santé aurait présenté des « arbitrages inadaptés », estime l’organisation syndicale présidée par la Dr Agnès Giannotti.
Les échanges se sont crispés sur la rémunération des futurs docteurs juniors, sujet pour lequel « la logique hospitalo-universitaire a prévalu », fustige MG France. Alors que les généralistes plaident pour un partage des honoraires (rétrocession) entre le Dr Junior et le maître de stage universitaire (MSU) qui l’accueille dans son cabinet libéral, cette piste semble écartée par le gouvernement. « Ils considèrent que cela avantagerait trop les internes en médecine générale par rapport aux autres spécialités, s’agace le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France. Ils ont donc décidé à ce stade que le praticien Dr Junior exercerait toute son activité en tiers payant et, surtout, qu’il sera payé avec son salaire d’interne, comme s’il était en stage à l’hôpital ».
Quid du chiffre d’affaires généré par les consultations réalisées par les futurs docteurs juniors en médecine générale ? Pour rappel, le rapport de la mission sur la réforme de la 4A d’internat en médecine générale, menée par les Prs Olivier Saint-Lary, Nanou Pham, Stéphane Oustric et la Dr Mathilde Renker, recommande une rétrocession de 25 % des honoraires. « Mais pour le gouvernement, cela leur paraît impensable que l’interne puisse partager son chiffre d’affaires comme le fait un remplaçant », peste le Dr Nogrette.
À la place, le ministère préfère que l’Assurance-maladie reverse une prime qui s’ajouterait au salaire d’interne. « De cette manière, leur rémunération sera à peu près équivalente à celle des Dr Juniors des autres spécialités », complète le médecin généraliste installé en Haute-Vienne.
Vers une prime de 1 200 euros pour les MSU ?
Et ce n’est pas le seul sujet qui fâche. Si une prime, également versée par l’Assurance-maladie, est aussi envisagée pour les MSU accueillant un docteur junior en médecine générale dans leur cabinet, son montant semble loin d’être suffisant. « Ils nous annoncent 1 200 euros par mois… Or, on a fait nos calculs, prendre en charge un Docteur junior représentera 2 000 à 3 000 euros de charges par mois », évalue le Dr Nogrette.
Côté calendrier, MG France regrette que les décrets d’application de la réforme, très attendus par les étudiants comme par les doyens, ne soient toujours pas publiés. « On les a demandés lors de la réunion du 7 mai mais on n’a rien eu, soupire le secrétaire général adjoint du syndicat. Les premiers Docteurs juniors “sur le marché” le seront début novembre 2026. Il nous faut urgemment les décrets ».
Lors du Congrès de médecine générale de France (CMGF) le 28 mars, le ministre de la Santé Yannick Neuder s’était engagé à publier les décrets d’application « avant l’été ». Deux mois plus tôt, lors d’un déplacement dans une maison de santé des Hauts-de-Seine, le cardiologue avait promis de sortir les textes des tiroirs du ministère pour « avril ou mai ». Reste un peu plus d’un mois pour que tenir parole.
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