Il voulait dénoncer les contraintes d’installation. Il a surtout réveillé les susceptibilités. Un étudiant présent mardi 29 avril à la manifestation parisienne contre la proposition de loi Garot a brandi une pancarte, au ton mi-sérieux, mi-humoristique, qui n’a pas fait l’unanimité.
Sur la pancarte, filmée par le média en ligne Brut, on peut lire, inscrit au feutre rouge et noir : « Bac + 12, pas pour finir à Mulhouse ». Ce slogan, jugé méprisant par de nombreux internautes alsaciens, a très vite fait le tour des réseaux sociaux.
L’Isni et les internes d’Alsace se désolidarisent
Le président de la région Grand Est, Franck Leroy, n’a pas tardé à réagir pour défendre Mulhouse, louant les qualités de la ville dans un message publié sur Facebook. « Moi, je vous dis l’inverse ! Mulhouse, ce n’est pas une punition. C’est une ville de savoir, d’industrie et d’humanité. » Il rappelle notamment le rôle crucial des soignants du territoire lors du premier pic épidémique du Covid-19 : « C’est ici que des vies ont été sauvées, dans des conditions extrêmes. Et ce sont encore eux, aujourd’hui, qui soignent, enseignent, innovent. » Et de conclure avec cet appel : « Non, Mulhouse n’est pas un échec. C’est un territoire de courage et d’avenir. Venez à Mulhouse. Venez voir. Venez comprendre. Ici, en Région Grand Est, on construit, on soigne et on invente ! »
Présent à la manifestation, Clément Hugueny, président du Syndicat autonome des internes d’Alsace (SAIA), se désolidarise totalement de la pancarte, qu’il juge de « mauvais goût ». « Elle nous porte préjudice. Son auteur n’est même pas de notre subdivision. Mulhouse est un bon terrain de stage, avec un encadrement de qualité. Ce type de message ne fait que renforcer les clichés », déplore l’interne en quatrième semestre de médecine générale, qui a déjà effectué deux stages dans la ville du Haut-Rhin. Et de préciser : « D’ailleurs, Mulhouse ne fait même pas partie des zones d’intervention prioritaire qui pourraient être visées par la proposition de loi Garot ! »
Contacté, le président du syndicat national des internes (l’Isni), Killian L’helgouarc'h, se dit « aligné » avec la position de son collègue alsacien.
D’autres habitants de la « Manchester française » ont également tenu à défendre leur ville. Sur les réseaux sociaux, les témoignages se sont multipliés. Parmi eux, une ancienne fonctionnaire venue du Bas-Rhin écrit :
« En 2010, alors que j’étais fonctionnaire territoriale, une opportunité s’est présentée pour un poste à responsabilité à Mulhouse. Je l’ai découverte un 1er avril… Une farce ? Non, un coup de foudre. Authentique. Je ne me féliciterai jamais assez d’avoir osé franchir les préjugés, ce qui m’a permis de me réaliser en tant qu’agente du service public, au service du public. Mulhouse, ses habitants, ses acteurs, mes anciens collègues : vous êtes tous à jamais chers à mon cœur. »
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